Déjà 20 ans que la loi sur l’équité salariale a été votée à l’Assemblée nationale du Québec. Cette loi, qui concerne les entreprises de 10 employés et plus, vise à égaliser les salaires des emplois traditionnellement féminins à celui des emplois équivalents occupés par des hommes. Quel chemin a été parcouru depuis 20 ans ? Quelles sont les principales entraves à l’atteinte d’une équité parfaite ?
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Si depuis 1997, l’écart salarial entre les hommes et les femmes a certes diminué au Québec, on est encore très loin de l’équité souhaitée. Selon l’Institut de la Statistique du Québec, les femmes gagnent toujours moins que les hommes. Tant au niveau du salaire hebdomadaire que du salaire horaire, les femmes gagnent en moyenne 10 % de moins que les hommes.
Ces écarts de salaires ne dépendent pas de la différence entre les emplois occupés par les hommes et les femmes. Les écarts sont le fait d’emplois parfaitement équivalents. Qu’à cela ne tienne, les femmes sont victimes de discrimination systémique, comme le rapporte la plupart des enquêtes.
Pourquoi les écarts se maintiennent-ils ?
Selon la Fédération des femmes du Québec, malgré la présence d’une loi, les défis restent grands dans l’application du droit à l’équité salariale pour certains groupes de femmes.
Seules les femmes syndiquées ont connu une amélioration importante; l’écart avec leurs collègues hommes étant passé de 7 % à 2 % depuis 1997, alors qu’il est demeuré très grand pour les femmes non syndiquées, soit 15 % encore aujourd’hui. Il en va de même pour les progrès réalisés dans les emplois au bas de l’échelle où l’écart oscille autour de 30 %.
Puisque d’importants écarts subsistent dans des dizaines de milliers d’emplois, force est de constater que les femmes ont peu de pouvoir pour exercer un rapport de force favorable au rétablissement d’un équilibre. Et que si ce rapport de force est insuffisant, c’est qu’il existe aussi des embûches plus profondes.
La discrimination systémique est sans doute la cause la plus probante. Difficile à identifier, elle demeure enracinée dans les mentalités. Selon la Coalition en faveur de l’équité salariale, l’exercice prescrit par la loi ne change rien à la discrimination fondée sur le sexe, laquelle s’explique par les préjugés sociaux, la ségrégation professionnelle et les emplois typiquement féminins qui sont socialement et économiquement sous-valorisés. C’est pourquoi une femme qui possède le même diplôme, la même expérience et un emploi équivalent a en moyenne un salaire inférieur de 10 % à celui d’un homme.