Dans le cadre de la neuvième édition du projet Change le monde, une Å“uvre à la fois qui culminera avec une exposition au Musée POP au mois d’avril 2020, le Réseau In-Terre-Actif, secteur jeunesse du Comité de Solidarité/Trois-Rivières, s’associe à La Gazette de la Mauricie afin de produire 9 capsules vidéo et articles sur les enjeux abordés par les jeunes. Le projet intitulé Ensemble, on change le monde bénéficie du soutien financier du Secrétariat à la jeunesse et de la collaboration de la Maison des Grands-Parents de Trois-Rivières.Alex Dorval – février 2020 Il semble à priori plus difficile de trouver des statistiques et de la documentation sur les cas d’intimidation chez les aînés que chez les jeunes au Québec, le premier phénomène étant probablement beaucoup moins abordé dans l’espace public et médiatique que le second. Selon Colette Coudé, directrice de la Table Action Abus Aînés Mauricie (TAAAM), « le sujet est tabou et l’ennemi numéro un est le silence ». Un silence qui, selon elle, repose sur plusieurs facteurs. En premier lieu, l’identification même d’un cas d’intimidation par la victime, le témoin et même l’auteur peut parfois s’avérer ardu. Le cadre juridique et la définition légale de la notion d’intimidation par rapport à ceux, beaucoup plus larges, de la maltraitance peut aussi avoir contribué historiquement à la complexification des interventions. Toutefois, le facteur principal réside dans la crainte des répercussions causées par un signalement. D’une part, il peut arriver que la victime ait peur de s’attirer encore plus de représailles et, d’autre part, certaines directions de résidences craignent pour la réputation de leur établissement. Cette culture du silence justifierait la présence d’organismes intermédiaires comme la TAAAM pour encourager les signalements.

Ça passe par la sensibilisation

L’Association québécoise de défense des droits des personnes retraitées et préretraitées définit quatre principales formes d’intimidation : physique, verbale et écrite, sociale et matérielle. De l’insulte répétée aux rumeurs malveillantes en passant par la bousculade, il n’est pas toujours évident – malgré la souffrance – d’interpréter le geste de l’autre ou d’un groupe comme un acte d’intimidation. Or, pour qu’il y ait dénonciation, il doit d’abord y avoir prise de conscience. C’est pourquoi, avant même l’incitation au signalement, les experts priorisent les méthodes préventives et la conscientisation du grand public, mais surtout la sensibilisation des intervenants qui travaillent dans les milieux de vie des aînés, ainsi qu’auprès des aînés eux-mêmes. Et surtout auprès des aînés, d’après les observations de la directrice de la TAAAM, qui nous parle de son parcours en résidences pour aînés démunis : « ma stupéfaction était d’avoir vu davantage de cas de maltraitance d’aînés envers les aînés ».

Colette Coudé, directrice générale de la Table Action Abus Aînés Mauricie (TAAAM) – crédits photo : David D. Dufresne

Le flou juridique

La définition de l’intimidation au sens de l’article 423 du Code criminel ne retient que les formes physiques et matérielles d’intimidation. Ce serait dû en partie, selon le ministère canadien de la Justice, au fait que « l’intimidation est constituée d’une vaste gamme de comportements, la plupart n’étant pas des gestes criminels, par exemple les insultes, les commentaires désobligeants ou l’exclusion sociale ». D’autres dispositions légales s’appliquent toutefois pour les cas de menaces, harcèlements ou voies de fait, notamment, des gestes qui relèvent davantage de la maltraitance que de l’intimidation à proprement dit. Cette confusion a pu au fil du temps limiter la compréhension du concept d’intimidation chez la population et les organismes concernés, pense la directrice de la TAAAM. Par conséquent,  le gouvernement québécois n’a pas rapatrié les recommandations des experts sur le phénomène d’intimidation sous le projet de la loi no 115 visant à lutter contre la maltraitance envers les aînés et toute autre personne majeure en situation de vulnérabilité (loi sanctionnée en 2017), mais plutôt sous le projet de loi no 56 visant à prévenir et à combattre l’intimidation et la violence à l’école (loi sanctionnée en 2012). Titulaire de la Chaire de recherche sur la maltraitance envers les personnes aînées à l’Université de Sherbrooke, la professeure Marie Beaulieu explique que « la maltraitance envers les aînés relève de la Ministre responsable des Aînés et des Proches aidants, alors que l’intimidation est plutôt traitée sous le ministère de la Famille ». Elle indique que « des ponts se sont construits entre les deux figures de cas lorsque la ministre Charbonneau était au pouvoir sous le parti Libéral, qui avait regroupé les aînés, la famille et la lutte contre l’intimidation sous le même ministère». Questionnée à savoir si le flou dans l’encadrement juridique actuel pouvait restreindre les recours des personnes aînées victimes d’intimidation, madame Beaulieu spécifie que « c’est toujours plus difficile de monter un dossier de preuves en matière d’intimidation et maltraitance psychologique que dans un cas de violence physique, par exemple ». La chercheuse se dit toutefois « rassurée » que la situation devrait s’améliorer puisqu’elle affirme avoir appris « de source sûre » qu’un plan d’action est sur la table de travail du secrétariat aux aînés. En attendant, les acteurs sur le terrain continuent la lutte à l’intimidation et à toute forme de violence, aussi subtiles soient-elles.

Cultiver l’empathie et briser le silence

En plus de miser sur l’identification des cas d’intimidation, les campagnes de sensibilisation des dernières années visent à instaurer dans les résidences une culture de milieu de vie basée sur des principes d’action qui inspirent l’empathie. La Table Action Abus Aînés de la Mauricie travaille de concert avec le Centre de justice de proximité, le réseau de la santé, les CLSC, les résidences et autres milieux fréquentés par les aînés. L’organisme adopte une approche personnalisée dans la lutte contre la maltraitance, l’intimidation et l’isolement des aînés vulnérables. Une personne au bout du fil… Vous êtes victime ou témoin de gestes de maltraitance ou d’intimidation, appelez-nous : Colette Coudé, directrice générale 819-697-3146 / direction@abusainesmauricie.org


Sources: La Gazette de la Mauricie, entrevue avec Colette Coudé, directrice générale (TAAAM), 10 janvier 2019. La Gazette de la Mauricie, entrevue téléphonique avec Marie Beaulieu, Professeure titulaire de la Chaire de recherche sur la maltraitance envers les personnes aînées à l’Université de Sherbrooke, Janvier 2020. https://www.quebec.ca/famille-et-soutien-aux-personnes/aide-et-soutien/intimidation/ https://www.quebec.ca/famille-et-soutien-aux-personnes/aide-et-soutien/intimidation/ https://www.inspq.qc.ca/intimidation/personnes-ainees https://www.aqdr.org/wp-content/uploads/AQDR_Guide-intimidation_web.pdf http://www.abusainesmauricie.org/index.php https://cihr-irsc.gc.ca/f/45838.html https://www.quebec.ca/famille-et-soutien-aux-personnes/aide-et-soutien/intimidation/ https://laws-lois.justice.gc.ca/fra/lois/C-46/section-423.html http://www.assnat.qc.ca/fr/travaux-parlementaires/projets-loi/projet-loi-115-41-1.html http://www.education.gouv.qc.ca/dossiers-thematiques/intimidation-et-violence-a-lecole/projet-de-loi/ https://www.quebec.ca/famille-et-soutien-aux-personnes/aide-et-soutien/intimidation/ http://www.fil-information.gouv.qc.ca/Pages/Article.aspx?idArticle=2604203759

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