Jean-François Veilleux, juin 2016
La fête de la Saint-Jean-Baptiste est célébrée depuis les premiers jours de la ville de Trois-Rivières, importée sur les bords du Saint-Laurent par les Jésuites. Dès 1636, le Journal des Jésuites signale qu’elle est fêtée aux Trois-Rivières avec un grand feu et des réjouissances.
Mise en veilleuse par les élites à cause de la révolution patriote en 1837, la fête ne renaît à Trois-Rivières qu’en 1848, année de la première procession trifluvienne de la Saint-Jean-Baptiste, incluant parade et feux d’artifices, malgré son caractère davantage religieux. Les journaux d’époque recensent 56 célébrations de la Fête nationale entre 1856 et 1933.
Vers 1922, le 24 juin est reconnu officiellement fête nationale du Québec. En 1925, on déclare officiellement ce jour congé férié au Québec. C’est l’occasion de se rassembler et de témoigner de la vitalité et de la richesse culturelles de la nation canadienne-française.
À partir de ce moment, la fête de « saint Jean-Baptiste » – nommé patron spécial des Canadiens-français par le pape Pie X le 24 juin 1908 à la demande de la SSJB de Québec – prend véritablement son envol et l’on assiste à des défilés dans plusieurs villes. Il était bien sûr impossible dans le Québec d’alors de dissocier la religion de cette fête et le petit saint Jean-Baptiste, blond et frisé, occupait une place de choix dans les festivités surtout dans les défilés.
Au tournant des années 1950, les fêtes de quartier du 24 juin se multiplient à Montréal, puis dans les années 1960, les feux de joie et les défilés attirent les foules partout dans la province. On note de grands rassemblements entre autres à Shawinigan, Trois-Rivières, Alma, Drummondville, Lac-Mégantic, Asbestos et Victoriaville. En 1967, « Québec » rebaptise la fête des « Canadiens-français » la Fête nationale du Québec.
Dix ans plus tard, le 11 mai 1977, le gouvernement de René Lévesque proclame le 24 juin jour de la Fête nationale du Québec, journée qui sera désormais fériée et chômée, mais qui surtout deviendra la fête de toutes les personnes habitant le territoire du Québec. Dorénavant le 24 juin ne sera plus associé exclusivement aux personnes pratiquant la religion catholique, mais revêtira un aspect plus ouvert et laïque, axé sur la promotion du français. Depuis les années 1970, les chansonniers et les artistes populaires sont d’ailleurs appelés à jouer un rôle de plus en plus important dans les célébrations de la Fête nationale.
Enfin, comme disait le grand patriote trifluvien Georges Meyers (1916-2012), pionnier du développement régional, ardent défenseur du Québec et directeur général de la SSJB-Mauricie de 1956 à 1982: « Célébrer la Fête nationale, c’est un gage d’avenir, car tant qu’un peuple souligne sa fête nationale, il est assuré de sa survie ». Souvenons-nous!