Alors que février souligne le Mois de l’histoire des Noirs, les trois panélistes de La tête dans les nuances ont été invités à réfléchir à la question suivante : le Mois de l’histoire des Noirs est-il une vitrine sur la communauté ou un véritable dialogue des cultures ?
Le Mois de l’histoire des Noirs est célébré depuis 1992 à Montréal, explique Michaël P. Farkas qui préside la Table ronde du Mois de l’histoire des Noirs. Son origine remonte toutefois à 1926, alors que Carter G. Woodson a lancé aux États-Unis la première célébration de l’histoire des Noirs avec l’objectif de mettre en valeur les contributions académiques des personnes noires dont on ne parlait alors que très peu.
Bien que les choses progressent, explique Sabrina Moisan, professeure à l’Université de Sherbrooke et membre de l’observatoire sur la formation de la diversité et de l’équité, on remarque que l’histoire des Noirs est encore peu présente dans les programmes scolaires d’histoire du Québec et du Canada. Après l’abolition de l’esclavage, en 1834, « c’est comme s’il y avait un grand trou de mémoire et que les personnes noires disparaissent du récit [historique]. Elles reviennent ensuite seulement dans la période très contemporaine avec le mouvement Black Lives Matter », dit-elle.
Un constat que partage monsieur Farkas selon qui il faut « défricher les faits » et « fouiller les archives » avec l’aide d’historiens, d’anthropologues et de sociologues pour parler davantage de la contribution de la communauté noire à l’édification de la société québécoise au 19e siècle et par la suite.
L’artiste trifluvien King Maliba, connu comme auteur-compositeur-interprète, ajoute pour sa part que si la communauté noire est mal connue et mal représentée, c’est aussi parce que les liens et les connaissances demeurent faibles entre le Québec, le Canada et l’Afrique. « Je viens du Mali, [un pays qui a] une histoire très, très riche. Mais cette histoire, elle reste au Mali. »
L’histoire des Noirs, selon Sabrina Moisan, est une histoire « au pluriel ». Le mois de l’histoire des Noirs peut faire référence à l’histoire de l’Afrique, du Mali, du Sénégal, mais aussi à celle des États-Unis et des Caraïbes. Cette grande variété est un enjeu pour l’enseignement de l’histoire, qui a tendance à la simplification, dit-elle.
La place de l’histoire des Noirs dans le système éducatif du Québec, les défis de la jeunesse noire au Québec, le racisme systémique, la polarisation et les outils pour contrer la discrimination sont autant d’enjeux qui ont été discutés au cours de cet épisode.
Pour King Maliba, « la musique est la seule langue universelle, celle que tout le monde parle. Elle a un rôle important à jouer dans le rassemblement des communautés. Elle est aussi un excellent véhicule pour faire connaître l’histoire d’un peuple. »
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