Maintenant que la rentrée scolaire est amorcée, de grands défis apparaissent, comme chaque année. On parle surtout de détresse psychologique autant chez les élèves que chez les enseignant-es, de manque de ressources, de pénuries de personnel de soutien ou d’enseignement, de vétusté des bâtiments scolaires, ou encore de manque de locaux. Tous ces défis posent de sérieuses entraves à la réussite scolaire des élèves. Par contre, au cœur de ces débats, se trouvent plus rarement des discussions autour des enjeux qui touchent spécifiquement les élèves, surtout que l’on parle de plus en plus de réussite éducative plutôt que scolaire.
Il est essentiel de discuter de l’importance de cultiver les aspirations scolaires et professionnelles des jeunes, afin de les motiver et de les orienter vers un avenir qui leur convient. La promotion de la lecture dès la petite enfance est également soulignée comme un facteur clé de la réussite éducative, puisqu’elle offre aux jeunes les outils nécessaires pour s’adapter dans un monde du travail en constante évolution. Pour en discuter, La Gazette a rencontré la directrice générale de la Table régionale de l’éducation de la Mauricie (TREM), Mélanie Chandonnet, et celle de la Table régionale de l’éducation Centre-du-Québec (TRECQ), Caroline Dion.
La réussite scolaire et éducative
La réussite scolaire implique la réussite des acquis académiques et donc l’obtention d’une qualification, en d’autres mots, un diplôme. Quant à elle, la réussite éducative, telle que présentée dans le plan stratégique 2023-2027 du ministère de l’Éducation, va bien au-delà. La réussite éducative vise à faire en sorte que chaque élève puisse développer son plein potentiel.
Les Tables de concertation de l’éducation sont des instances de collaboration qui regroupent des intervenant-es du milieu éducatif. Elles visent à renforcer la concertation entre les différent-es partenaires afin de favoriser le développement et l’amélioration des services éducatifs dans chacune des régions. Elles jouent un rôle dans la mise en œuvre de projets communs, l’échange de bonnes pratiques et l’élaboration de stratégies pour répondre aux besoins spécifiques des élèves et des établissements scolaires, de la petite enfance jusqu’à l’université.
Enjeux communs en éducation
L’un des enjeux spécifiques aux élèves soulevés par la TREM et la TRECQ est ce qu’on appelle « la glissade de l’été », c’est-à-dire la perte d’apprentissage qui peut se produire chez des élèves pendant la période estivale, comme l’explique Mélanie Chandonnet. Durant les vacances d’été, les élèves, surtout ceux et celles qui n’ont pas accès à des activités éducatives stimulantes, peuvent oublier une partie des connaissances et des compétences acquises durant l’année scolaire. Cela peut entraîner un recul dans leur niveau scolaire, ce qui oblige les enseignant-es à consacrer une partie du début de l’année scolaire à réviser des concepts qui devraient normalement être acquis. Cette « glissade » est souvent plus marquée chez les élèves de milieux défavorisés et en difficulté, ajoute Mélanie Chandonnet.
Un autre enjeu sur lequel travaillent la TREM et la TRECQ, notamment chez les jeunes du secondaire, concerne les aspirations scolaires et professionnelles, c’est-à-dire « tout ce qui amène un individu qui a développé son plein potentiel à devenir un citoyen ou une citoyenne qui va avoir un rôle, c’est-à-dire une profession ou un métier, qui va faire un choix de parcours qui va lui convenir ». La raison pour laquelle ces organisations ont décidé de choisir cet axe est liée à la motivation des élèves. La motivation des jeunes qui arrivent au secondaire se développe en effet beaucoup grâce aux réponses qu’ils et elles donnent à la question « à quoi ça sert ce que je suis en train de faire ? ». Donc, quand les jeunes définissent ce qu’ils et elles veulent faire dans la vie, leur motivation augmente.
La lecture comme priorité au Centre-du-Québec
« À travers tout ça, il y a un autre élément sur lequel nous travaillons au Centre-du-Québec, et nous en faisons notre cheval de bataille depuis quelques années, c’est la littératie », explique Caroline Dion. Ainsi, dès la petite enfance, l’organisme travaille afin de développer le plaisir de lire chez les élèves. Il s’agit du « facteur qui contribue le plus à la réussite éducative d’un individu tout au long de sa vie », affirme la directrice générale de la TRECQ. Concrètement, la lecture favorise l’autonomie et la confiance en soi, en permettant aux enfants de devenir des apprenant-es indépendant-es. Ainsi, en cultivant l’amour de la lecture dès le plus jeune âge, on crée des bases solides pour une vie d’apprentissage continue.
Pour Caroline Dion, c’est d’autant plus important puisque la relation qu’entretiennent les jeunes adultes avec le travail tend à changer. « Les jeunes ne veulent plus trouver un programme, mais veulent trouver un domaine qu’ils aiment », explique-t-elle. Les jeunes adultes d’aujourd’hui changent davantage de travail que ceux et celles des générations précédentes. Ainsi, avoir un niveau fonctionnel en lecture permettra une certaine sécurité, dans le sens que cela ne nuira pas à la recherche d’un nouvel emploi.