Jean-Philip Sylvestre, Juin 2020 – Dossier Des plants pour l’avenir
L’insécurité alimentaire caractérisant le quotidien de multiples familles de la région s’accentue alors que la Mauricie, tout comme l’ensemble du Québec, se retrouve aux prises avec une crise sanitaire sans précédent. Alors que les mesures visant à minimiser les impacts de la COVID-19 modifient nos habitudes, la banque alimentaire Moisson Mauricie/Centre-du-Québec (MMCQ) fait état d’une augmentation de 2 000 demandes d’aide alimentaire sur son territoire. Malgré cette augmentation, il semble que l’état de la faim en Mauricie n’ait rien de nouveau.
La précarité alimentaire sur le territoire mauricien
Selon Geneviève Marchand, responsable du financement et des communications chez MMCQ, les besoins sont importants en Mauricie et au Centre-du-Québec. « Chaque mois, 25 538 personnes, dont 8 045 enfants vivent en situation de précarité et ont recours à l’aide alimentaire », affirme-t-elle. Ces 25 000 personnes ne répondent pas aux critères d’accès à une alimentation suffisante, saine et nutritive, critères visant pourtant initialement à définir la situation précaire de la malnutrition dans certains pays sous-développés. Parmi ceux qui ont recours aux services des banques alimentaires, on constate, dans la région, une augmentation du nombre de personnes seules, d’étudiants et d’ainés.
Son de cloche similaire du côté de Stéphanie Milot, conseillère en développement social au sein du Consortium en développement sociale de la Mauricie et membre du Comité régional en sécurité alimentaire. Cette dernière fait état d’une vingtaine de déserts alimentaires en Mauricie. Il s’agit de municipalités ou de quartiers, que ce soit en milieu rural ou urbain, sans épicerie de proximité offrant un accès à des aliments sains, frais et variés. « En matière d’insécurité alimentaire, il y a encore beaucoup trop de personnes et de familles à faible revenu qui peinent à se nourrir selon leur faim, leurs goûts et/ou leurs contraintes alimentaires », soutient-elle.
Une question de revenus
Questionné sur les causes menant un groupe significatif de la population de la Mauricie à recourir aux services des banques alimentaires, Mme Marchand répond que « le coût de la vie augmente, mais les salaires ne suivent pas nécessairement cette augmentation. Le budget alloué à la nourriture est souvent la première place où les gens coupent ».
Pour Mme Milot, il s’agit également d’une problématique d’ordre monétaire. Celle-ci toucherait davantage « des groupes de populations plus vulnérables, soit des travailleurs à faible revenu, des étudiants, des familles [et] des personnes seules, peu scolarisées ou marginalisées. »
Des solutions concrètes à un enjeu concret
Bien que la situation soit inquiétante, les représentantes des organismes assurent que plusieurs projets sont mis en œuvre afin de combattre l’insécurité alimentaire dans la région. Que l’on parle d’urgence alimentaire immédiate, de développement d’accès économique et physique aux aliments ou de développement de connaissances et d’habiletés culinaires et de budgétisation, le CRSA œuvre à soutenir les initiatives émergentes de toutes sortes. Parmi celles-ci, notons AgrÉcole de l’école Louis-de-France, Centrale alimentaire de La Tuque, l’implantation de frigos communautaires, le programme de récupération dans les supermarchés de Banque alimentaire Québec en partenariat avec MMCQ ou la recherche participative impliquant des utilisateurs des services d’aides alimentaires dans le but de mieux comprendre et réduire la prévalence de l’insécurité alimentaire en Mauricie.
Sources
http://www.cdectr.ca/mandats-projets/frigo-free-go-trois-rivieres
http://www.cdectr.ca/mandats-projets/frigo-free-go-trois-rivieres
http://www.consortium-mauricie.org/enjeux/securite-alimentaire
https://www.banquesalimentaires.org/campaign/programme-de-recuperation-en-supermarches/
Chiffoleau, Y. (2014). Comprendre et prévenir la précarité alimentaire: Le cas des agriculteurs en France, le rôle des circuits courts..