Marianne Cornu, directrice, Le Gyroscope, mai 2018
Le milieu de travail parfait est rare : il arrive à tout employé de vivre certaines insatisfactions. Que ce soit un collègue agaçant, une tâche stressante ou moins appréciée, un patron autoritaire… les raisons de ressentir de l’inconfort sont multiples. Toutefois, quand le malaise s’aggrave et dure, qu’on constate un manque de communication flagrant entre les employés et la direction, quand les tâches de chacun ne sont pas clairement définies, quand on fait face à des attitudes inacceptables telles que des cris, de l’intimidation, du harcèlement, quand un gestionnaire s’approprie les résultats de toute une équipe ou manque de reconnaissance, il peut y avoir des répercussions néfastes sur la santé mentale des employés.
Les conséquences sont subtiles au début. L’employé victime de ce climat toxique peut par exemple se sentir plus stressé, avoir des maux de tête ou des difficultés de concentration, s’absenter plus souvent, etc. Si rien ne change dans le milieu de travail, les symptômes peuvent s’aggraver et l’employé risque de se diriger tout droit vers un épuisement professionnel.
Mais un milieu de travail toxique n’agit pas uniquement sur l’employé, sa famille et ses proches sont aussi touchés.
Tout d’abord, le stress se transmet. Vous est-il déjà arrivé de vous sentir stressé simplement à être en compagnie d’une personne qui l’était? Si un travailleur revient à la maison stressé, il y a de bonnes chances que les membres de sa famille le sentent et soient stressés à leur tour. Pour compenser, certains consommeront plus d’alcool qu’à l’habitude, que ce soit l’employé ou son-sa conjoint-e.
Quand l’épuisement ou la dépression s’installent, que le travailleur soit toujours en emploi ou qu’il soit en arrêt de maladie, l’impatience, la fatigue, la lassitude et la perte d’intérêt pour certaines activités comme les loisirs viennent perturber les habitudes familiales et sociales. Le-la conjoint-e doit alors accomplir plus de tâches pour compenser. S’il y a arrêt de travail, des difficultés financières viennent généralement compliquer le tableau. De plus, le travailleur change alors de statut et son estime de soi en prend un coup.
Les changements de comportement chez le travailleur épuisé peuvent induire une perte de repères pour les membres de la famille, qui ne reconnaissent plus la personne qu’ils aiment et peuvent se sentir désorientés. Certains iront jusqu’à rejeter leur proche en épuisement tant la situation menace l’équilibre familial. Les enfants, plus spécifiquement, ont tendance à se sentir coupables et à penser que ce qui arrive à leur parent est de leur faute. Ils vont souvent extérioriser leur malaise en ayant un comportement plus difficile. Il est important de leur expliquer ce qui se passe, en termes adaptés à leur âge, et surtout de leur faire comprendre qu’ils n’en sont pas responsables.
Les membres de l’entourage peuvent aider en étant à l’écoute, en s’informant sur l’épuisement ou la dépression, en respectant le rythme de leur proche. Toutefois, quand un membre de la famille ne ressent plus d’empathie, qu’il est dépassé ou que la situation devient trop pesante, il y a lieu d’aller chercher une aide professionnelle pour arriver à mieux traverser cette épreuve.