Le dossier Conciliation travail – proche aidance est rendu possible grâce au soutien financier de l’Appui pour les proches aidants d’aînés Mauricie. Par Janyse Pichette, directrice générale de la MRC de Maskinongé, novembre 2017 Les circonstances m’ont amenées à écrire sur ma situation et j’ai partagé mes émotions sur ce que je vis au jour le jour, l’accompagnement de mon conjoint qui est présent… mais absent… c’est la maladie d’Alzheimer. Vos commentaires sur mes propos m’amènent aujourd’hui à écrire pour vous, ceux qui vivent une situation semblable, qui accompagnent un conjoint, un enfant, un père, une mère simplement par amour gratuit et qui ne se reconnaissent pas comme « des aidants », mais plutôt qui naturellement traversent le quotidien avec leur parent. C’est un fait, que bon nombre de personnes aidantes ne se voient pas comme « aidant » et surtout ne réalisent pas à quel point elles doivent s’investir au quotidien, sans jamais s’arrêter et réaliser qu’elles s’oublient. Ces personnes qui ne vivent qu’en fonction de l’autre qui a tant de besoins et que l’on chérie si fort et ce… malgré…
Pour cette raison, je prends ma plume aujourd’hui pour vous dire et vous faire réaliser, ne serait-ce qu’à une seule personne, que vous devez demander de l’aide, vous sortir de la routine, prendre soin de vous. Cela n’est pas abandonner l’autre, mais plutôt se maintenir à flot pour continuer un jour à la fois, à soutenir nos proches, conserver un équilibre et surtout le sourire pour ces personnes qui en ont tant besoin. Je sais de quoi je parle, il fut un temps où moi non plus je n’étais pas une « aidante » où sans m’en rendre compte, je restais seule avec ma peine… Merci à mes enfants, mon frère, ma sœur qui par leurs communications de « comment vas-tu? » quasi au quotidien et leur soutien, m’ont fait comprendre que je ne devais pas rester isolée avec ma souffrance et qu’ils étaient là juste à côté. Merci pour votre éclairage subtil! Si vous vous reconnaissez ou hésitez, il faut agir dès maintenant, prendre le téléphone contacter un membre de la famille, un ou une amie, une connaissance, afin d’établir de nouveau un contact que vous avez sûrement négligé sans vous en rendre compte. Au premier appel, il n’y a personne ou c’est occupé, tout de suite sans attendre, passez à un autre appel, vous arriverez à quelqu’un qui établira un brin de communication et pourra vous accompagner dans une petite sortie, une visite, même si vous êtes très, très fatiguée, que vous n’avez plus le goût ou l’énergie, il faut sauter sur ce soubresaut, agir dès maintenant et optimiser ce brin d’énergie, se brancher et « recharger » les batteries pour continuer, avec une nouvelle lueur dans les yeux… un jour à la fois! Il faut poser le geste maintenant, pas demain, pas après demain, aujourd’hui… Il y a quelqu’un qui saura être à votre écoute, même si vous pensez que vous n’avez pas besoin d’aide. Souvent, les proches, ami(e)s, connaissances aimeraient faire quelque chose pour nous, mais n’osent pas. Ils ont peur de nous déranger, c’est à nous de les interpeller pour une première fois et par la suite, ce sont eux qui oseront vous partager de bons moments sans vous sentir coupable de vivre autrement… un jour à la fois! C’est peut être une des choses les plus difficiles que nous avons à apprivoiser, après la maladie, être capable de demander afin de ne pas s’oublier, même si cela demande un effort, vous devez vous forcer à le faire, pour mieux continuer sereinement… un jour à la fois! Si vous avez perdu votre liste d’ami(e), connaissances, vous pouvez communiquer avec des organismes qui sont là pour nous… L’Association des aidants naturels du Bassin de Maskinongé, Appui Mauricie, Le Centre des femmes, le Centre d’action bénévole, peu importe… Bon courage, agissez, demandez pour enfin traverser le mur de l’isolement, de l’autre côté le soleil brille et de ses rayons vous pourrez profiter de sa chaleur, des petits moments précieux pour vous, sans culpabilité… Un jour à la fois! Quand une telle maladie, ou une complication arrive on a d’abord le réflexe de se demander « pourquoi » ça arrive… mais il faut plutôt se dire « comment je fais maintenant? » pour rester vivante et accompagner l’autre dans son monde, avec ses mots incompréhensibles ou ses histoires d’il y a longtemps et répondre avec douceur sur ce qu’il vient de dire et garder une lumière positive dans le regard pour leur insuffler un tout petit brin de bonheur, de douceur… et vivre avec lui… un jour à la fois! Encore une fois merci à mes enfants, mon frère, ma sœur, ma mère et toutes mes amies d’être là… à tous les jours! Un partage d’expérience vécue… pour peut-être vous aider… un jour à la fois! *Ce texte est paru dans le blogue Maski.quebec : https://www.maski.quebec/divers/temoignage-janyse-l-pichette-proche-aidante/