Les créateurs du Chemin du Lac ont complété le balisage d’une quarantaine de kilomètres du parcours de marche de type Compostelle qui, lorsque complété, fera le tour du lac Saint-Pierre.
La portion du tracé balisée débute à Saint-François-du-Lac, puis traverse la communauté d’Odanak ainsi que le sentier Tolba, aménagé le long de la rivière Saint-François. Il se poursuit ensuite à travers des rangs agricoles et forestiers, jusqu’à Baie-du-Febvre.
Lorsqu’il sera complété, le Chemin du Lac offrira aux marcheurs un itinéraire pour sillonner à pied plus de 200 kilomètres à travers les municipalités autour du lac Saint-Pierre, y compris Trois-Rivières. Une gamme étendue de types d’hébergements le long du parcours, allant du dortoir de base à prix modique, au B&B tout confort, sont répertoriés dans un guide remis aux marcheurs.
Johane Filiatrault, instigatrice du projet, explique que passer par Odanak était une priorité. « Nous trouvons cela important que les marcheurs découvrent Odanak, dans une optique de rapprochement avec les nations autochtones. Les membres de cette nation nous ont énormément soutenus dans notre projet, ils y croient depuis le début, » révèle-t-elle.
Le travail de balisage du tracé se poursuit, même s’il a été ralenti en raison de la pandémie. Avant de tracer le parcours définitif, les promoteurs du projet, qui veulent offrir un parcours « terre et eau », sont dans l’attente de savoir si certains bateaux-passeurs reprendront du service.
Une activité en effervescence
Rando Québec définit la « marche de longue durée » comme étant un type de randonnée pédestre qui se déroule sur plusieurs jours (avec au moins deux couchers en chemin) dans des lieux habités, principalement en milieu rural, sur des rangs, chemins ou bords de route. Ce type d’itinéraire, avec hébergement et ravitaillement, est plus accessible à tous que sa cousine la longue randonnée, qui se déroule plutôt sur des sentiers en grande nature.
L’intérêt québécois pour la marche de longue durée s’inscrit, selon Rando Québec, dans un mouvement mondial « très effervescent » depuis une dizaine d’années. Toutefois, malgré son potentiel énorme, elle demeure peu connue dans la province. L’organisme principal qui en fait la promotion, Marcher autrement au Québec, répertorie une trentaine de parcours, que l’on associe souvent à des « petits Compostelle » en référence au mythique chemin espagnol.
Des retombées économiques pour la région
Historiquement, les parcours de marche de longue durée servaient de pèlerinages vers des sanctuaires catholiques. Mais dans la dernière décennie, les nouveaux parcours sont surtout mis en place dans une optique de tourisme ou de développement économique local.
Bien qu’elles ne soient pas encore chiffrées, Johane Filiatrault estime que les retombées économiques pour la région seront importantes. « Sur la Rive-Sud, ce qu’il manque au niveau touristique, c’est une activité qui garde les visiteurs dans la région plus longtemps. C’est donc l’un des objectifs du projet. Puisqu’ils voyagent à pied, les marcheurs vont augmenter la durée de leur séjour et utiliser davantage les services d’hébergement et de restauration » fait-elle valoir.
Un tourisme tout en lenteur
La marche de longue durée est une activité sportive qui peut être pratiquée avec différentes intentions : mise en forme, tourisme culturel et agroalimentaire, temps de pause dans une vie ou démarche introspective.
C’est aussi un produit d’appel pour le tourisme « lent », écologique et zéro émission carbone. Dans le Plan d’action pour un tourisme responsable et durable 2020-2025, le gouvernement du Québec met d’ailleurs l’accent sur la promotion du tourisme lent (slow travel), l’achat local et la mobilité douce. Ainsi, à l’axe 4 du Plan, on peut lire : « Pour assurer la transition vers un tourisme responsable et durable, il faut également changer les façons de voyager. Ralentir le rythme, prendre le temps d’explorer une destination plus en profondeur, favoriser la rencontre avec autrui et la participation à l’économie locale, rechercher des expériences plus significatives. »
Ces orientations sont concordantes avec l’objectif du Chemin du Lac, dont l’emblème est la tortue. Johane Filiatrault précise : « Le sens autochtone de ce symbole, c’est toute la sagesse associée à la tortue, à la mère-terre et au féminin. Ce sont des valeurs que l’on porte. Mais aussi parce qu’elle se déplace lentement et transporte sa maison sur son dos, la tortue nous fait penser à une personne qui marche et chemine tranquillement, à son rythme. C’est ce que pourront vivre les marcheurs du Chemin du Lac » espère-t-elle.