Un sondage ne fait pas l’élection, ni la tendance. Le vote fait l’élection et ce qui donne une idée de la tendance, c’est une vision globale de l’ensemble des sondages et de leur évolution.
Au moment de rédiger cet article (19 septembre), un sondage de Big Village publié sur le site 538, tenu entre le 11 et le 15 septembre dernier après le débat présidentiel, place Harris en avance par 7 points de pourcentage. « Bon, très bien… » comme dirait Patrice Roy, mais il y a aussi d’autres sondages, menés un peu avant et un peu après, mettant cette avance à 4 points ou à un point ou à deux points, et il y en a qui mettent les deux partis à égalité, et un qui donne une avance de 4 points aux républicains.
Pour une vision plus globale, les sites agrégateurs de sondages comme 538 [1], Real Clear Politics, Silver Bulletin, The Hill ou 270 to Win sont pertinents. Pour le moment, peu importent les résultats des sondages individuels, les moyennes pondérées présentées par ces sites indiquent que l’avance de Harris se situe, en gros, entre 2 et 4 points de pourcentage. C’est très peu et surtout, très volatile.
Aux États-Unis, le vote populaire ne décide pas du résultat de l’élection. En 2016, Hilary Clinton avait une légère avance sur Trump de 1 à 4 points selon les sondages. Lors de l’élection, elle a remporté le vote populaire avec 48,0 % des voix contre 45,9 % pour Trump, mais elle a tout de même perdu l’élection 306 à 232 au décompte des Grands Électeurs (GÉ) [2].
Le système des GÉ
Après les recensements qui ont lieu tous les 10 ans – le dernier datant de 2020 – chaque état américain se voit attribuer une portion des 538 GÉ selon sa population officielle. Cette année, la Californie a 54 GÉ, le Texas en a 40, la Floride 30 et l’état de New York, 28. Les états moins populeux ont moins de GÉ, le minimum étant de 3. Lors de l’élection, le parti qui l’emporte dans un état recueille la totalité des GÉ de cet état, peu importe la majorité par laquelle il l’emporte. Les deux seules exceptions sont le Maine et le Nebraska.
Ce système électoral complique la prévision des résultats électoraux par les sondages au vote populaire. Comme en 2016, il est toujours possible que le parti en avance dans les sondages reçoive effectivement une majorité du vote américain total et que son candidat ne soit pas élu comme président.
Conséquence importante du système des GÉ
Dans l’analyse des sondages, il faut porter une très grande attention aux états pivots. Ce sont les états comptant un grand nombre de GÉ et pour lesquels il est impossible de prédire, d’une élection à l’autre, qui sera victorieux tellement la course est serrée.
Pour 2024, il y a consensus. Le résultat dépendra essentiellement des sept états suivants : la Pennsylvanie, le Michigan, la Géorgie, la Caroline du Nord, le Wisconsin, l’Arizona et le Nevada. Pour presque tous les autres états, le degré de certitude quant au vainqueur est élevé et il y a également consensus pour dire qu’à moins d’un revirement inattendu, ces états ne seront pas ceux où l’élection se jouera.
Un sondage mené par le Pew Research Center [3] entre le 26 août et le 2 septembre 2024 est éclairant. Voici, selon ce sondage, le top-10 des enjeux électoraux pour la présidentielle américaine 2024. Les résultats sont présentés pour l’ensemble des répondants, pour les supporteurs de Harris seulement et pour ceux de Trump seulement [4].
Les tendances dans les sondages électoraux évoluent au gré de la perception quant à la capacité du gagnant éventuel à satisfaire les attentes concernant les grands enjeux de l’heure. Sans surprise, l’économie est, à ce jour, un enjeu crucial pour tous, mais en particulier pour les partisans de Trump. Sinon, les soins de santé, les nominations à la Cour Suprême et l’avortement sont les autres enjeux qui importent particulièrement aux supporteurs de Harris alors que l’immigration, les crimes violents et la politique étrangère interpellent davantage les supporteurs de Trump.
Présidentielle 2024 – Cette semaine dans les sondages
Suivez en ligne l’évolution de la tendance dans les sondages. Un nouvel article de notre rédacteur René Gélinas à lire à chaque semaine.