Pour Kris Kinokewin, chanter n’est pas seulement une question d’art : c’est une façon de garder sa langue vivante. Auteur-compositeur-interprète, Kris Kinokewin porte sa langue comme on porte une chanson : avec fierté et conviction. À travers sa musique, il cherche à faire résonner les mots et les sonorités de sa culture pour qu’ils continuent de vivre dans le cœur des nouvelles générations. Rencontre avec cet artiste originaire de Wemotaci, pour qui chanter, c’est rendre vivante la langue atikamekw et la transmettre.
Vous êtes auteur, compositeur, interprète. Vous nagez dans la musique depuis longtemps. Quel était votre lien avec la musique, enfant ?
J’étais quand même entouré de musique. Mon grand-père maternel était violoniste et jouait de la guitare. Mon grand-père paternel, lui, chantait à l’église. Je le voyais et j’étais fier. J’ai commencé par jouer de l’harmonica et ensuite j’ai commencé à gratter la guitare.
À quel moment vous avez su que vous voudriez en faire une carrière ?
Aujourd’hui encore, je ne sais pas si c’est une carrière ou si ça va être éphémère. Mes frères sont musiciens. Quand j’étais jeune et que j’écoutais une chanson que j’aimais, je fermais mes yeux et je m’imaginais que c’est moi qui chantais. Jusqu’à ce que je me dise : là, aujourd’hui, je vais chanter.
Et ensuite votre parcours musical a ressemblé à quoi ?
Avec ma première guitare, j’ai commencé à jouer des accords. J’ai un ami qui, lui, jouait des arpèges. Je lui ai dit : tu vas me montrer comment. Ensuite, j’ai commencé à voler seul et à faire des petits shows. Puis j’ai enseigné au primaire. Je me suis concentré sur ma carrière d’enseignant, et je suis devenu père. Je me suis tassé du sentier de la musique pour un bout. Puis là, je reviens et ce n’est pas trop tard.
Comment se déroule votre processus de composition musicale ?
Des fois, il y a des chansons que ça fait longtemps qu’elles sont en moi. C’est comme des mélodies. Je commence avec la guitare et je n’ai pas de parole au départ. Aujourd’hui, comme on peut s’enregistrer facilement, je m’enregistre dès que j’ai un petit bout musical. C’est de la magie. Des fois, ça vient tout seul.
Qu’est-ce qui vous inspire particulièrement ?
J’ai commencé avec Bob Dylan et de l’harmonica. Mais l’important pour moi, c’est de faire chanter ma langue. Je sais jouer de la guitare. Je sais jouer de l’harmonica. Je m’améliore pour ce qui est de chanter. Mais ce que je veux vraiment qu’on entende, c’est comment on parle et comment on chante aussi. C’est notre langue.
Et pourquoi ? C’est quoi l’importance ?
Pour qu’il y ait une pérennité de notre langue. Aujourd’hui, on a les réseaux sociaux et nos enfants apprennent l’anglais. Mais nous, on doit faire vivre notre langue. Kenokewin veut dire « mémoire vivante » et tu te souviens longtemps.
Pouvez-vous nous nous présenter vote premier album ?
C’est un album avec 10 chansons. Son titre est Pe Kiwan. Ce qui veut dire « je reviens sur la bonne voie ». Tu sais, j’ai été perdu longtemps, puis là, je reviens. Là, je veux marcher sur la bonne voie. Pe Kiwan, c’est ça que l’album veut dire.
Comment se fait le choix des chansons en spectacle ?
En fait, c’est tout le temps ça, le problème ! Quelles chansons choisir ? J’aime présenter les 10 chansons de mon nouvel album et faire quelques covers.
Quel est votre lien avec Trois-Rivières et le Festivoix ?
Il y a longtemps, avant même que ça se nomme le Festivoix, je venais voir des shows. Cette année, ce sera la première fois que je m’y produis et je trouve que c’est un très, très beau festival.
Quel genre de musique écoutez-vous ?
J’écoute de tout ! J’adore le classique, le country, le reggae et le punk. Avant, j’écoutais beaucoup Bob Dylan, aujourd’hui, c’est plus Dave Matthews, Jack Johnson et Ben Harper. Mais c’est difficile de nommer le genre de musique que moi je joue.
Alors que répondriez-vous si je vous demandais de définir votre genre de musique ?
Je dirais indie, indépendant, folk et rock.
Et les gens qui veulent s’informer sur vos spectacles, votre parcours, votre musique, de quelle façon peuvent-ils le faire ?
J’ai mon nouvel album Pe Kiwan, sorti en avril 2025, avec des chansons bilingues et des thèmes comme la mémoire, l’émotion et la langue. Actuellement, j’ai une page Facebook au nom de Kinokewin et il y a aussi le site Manito Productions (manitoproductions.com).
Notre entrevue s’est déroulée chez Vinyllia, une nouvelle boutique de vinyles à Trois-Rivières ! Pour connaître les coups de cœur vinyles de Kris Kinokewin et écouter l’entretien complet, rendez-vous ici.






