Lauréanne Daneau, directrice du Conseil régional de l’environnement Mauricie, novembre 2017
Au Parc Industriel et Portuaire de Bécancour, il existe depuis plus de 15 ans une symbiose industrielle qui veut maintenant s’étendre à un plus grand territoire. À cet égard, la Chambre de commerce et d’industrie Cœur-du-Québec (CCICQ) démarre le projet Économie circulaire | Zone économique naturelle (ZEN) qui vise à inclure deux MRC de la rive sud, ainsi que la ville de Trois-Rivières à ce mouvement de partage des ressources et d’expertises. Mais qu’est-ce que l’économie circulaire et pourquoi devrait-on se réjouir du projet ZEN ?
De linéaire à circulaire
Depuis l’ère industrielle, le modèle de production et de consommation dominant est linéaire : extraction, production, consommation et élimination. Ce modèle atteint ses limites, considérant la rareté des ressources et la pression exercée sur les écosystèmes. À titre d’exemple, l’humanité a connu l’âge de bronze il y a 30 000 ans lorsqu’elle a maitrisé la métallurgie en alliant l’étain et le cuivre. Or, selon le mathématicien et ingénieur Pierre Baptiste, d’ici 25 ans l’étain ferait l’objet d’un problème d’approvisionnement de même que le cuivre 10 ans plus tard. L’heure est grave.
Le modèle de l’économie circulaire est une alternative sérieuse, car il privilégie une optimisation des ressources en favorisant des circuits fermés (extraction, production, consommation, distribution et valorisation), à l’instar de la nature qui se renouvelle et se régénère. Un ensemble d’approches y est associé comme l’écoconception (ex. : penser au cycle de vie), l’écologie industrielle (ex. : créer une symbiose industrielle), l’économie de fonctionnalité (ex. : Communauto) ou encore l’économie de partage (ex. : agriculture urbaine).
Dans le cas d’une symbiose industrielle, comme celle de Bécancour, on réfère à un réseau d’entreprises maillées entre elles par des échanges de matière, d’eau, d’énergie ou d’expertise. Les rejets des uns deviennent donc les matières premières des autres et évitent l’enfouissement ou l’incinération.
Économie circulaire ZEN
Le Parc Industriel et Portuaire de Bécancour a développé l’une des premières symbioses industrielles au Québec. En août dernier, la CCICQ lançait le projet Économie circulaire ZEN visant à élargir le territoire de la symbiose de Bécancour pour augmenter le bassin de participants et le potentiel de synergies, tout en procédant à un transfert de connaissance vers la Mauricie. L’objectif consiste à informer, sensibiliser et accompagner les entreprises locales à développer des occasions de maillage.
Gains multiples
Plusieurs raisons expliquent l’intérêt d’aller dans une telle direction. Sur le plan environnemental, l’implantation de symbiose industrielle contribue à réduire l’exploitation des matières premières et la préservation des ressources naturelles. Également, elle aide à diminuer l’émission de gaz à effet de serre, limiter les risques de contamination et amoindrir les impacts liés à l’élimination des matières résiduelles. Les gains économiques sont aussi au rendez-vous, car l’approche réduit le gaspillage des ressources, les coûts d’approvisionnement et d’élimination, en plus d’optimiser la gestion des résidus et le potentiel d’innovation. Enfin, socialement, une entreprise qui développe des synergies augmente ses occasions de partenariat et de création d’emplois locaux, tout en améliorant l’image de son entreprise. Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme, disait Lavoisier. Voici une belle occasion pour créer de la valeur localement.
SOURCES :
https://www.synergiequebec.ca/symbiose/
http://instituteddec.org/themes/economie-circulaire/#1478637761182-751a0bda-9db4
https://www.ellenmacarthurfoundation.org/fr/economie-circulaire/concept