Magali Boisvert, 2 septembre 2016
Du 9 au 14 août, la Trifluvienne pantouflarde que je suis a fait sa valise et s’est rendue en plein cœur de Montréal à l’occasion du Forum Social Mondial. Pour la première fois depuis sa création en 2001 à Porto Alegre, le FSM se tenait dans un pays développé du Nord. Je ne suis pas fière de l’admettre, mais c’était la première fois que j’en entendais parler. Pour moi, un tel rassemblement de personnes qui me ressemblent, à l’échelle mondiale, ça n’existait pas — or, je me trompais. Le Forum Social Mondial, aux racines profondément ancrées dans des valeurs d’ouverture à toutes les cultures, au partage et à la liberté de tous, était comme un chez-moi que je ne connaissais pas encore.
Rares sont les occasions où l’on se retrouve dans une mer de gens et où l’on ne se sent pas comme un grain de sable. Celle-ci en était une. Montréal a ouvert grand ses rues aux étrangers pas si étrangers que ça, même si l’on prend en compte le nombre choquant de visas refusés, particulièrement des demandes provenant de l’Afrique. Pendant une semaine, des idéalistes engagés ont assisté à des conférences, des activités collaboratives et des spectacles afin de s’unir pour un monde meilleur.
Je me suis toujours considérée comme une personne qui met ses valeurs au premier plan dans toutes mes décisions. Je m’identifie en tant que féministe, écolo en herbe et sensible aux injustices, par contre, je ne m’étais jamais considérée comme une activiste. Le FSM a allumé en moi une flamme que je croyais tranquille. En allant à toutes ces conférences, en reconnaissant mes peurs et mes espoirs dans les visages des gens qui m’entouraient, je me suis découvert un désir, non, un besoin d’agir. Ne serait-ce qu’en faisant du bénévolat ou en parlant de certaines causes à des gens qui partagent mes idéaux.
En écoutant Laure Waridel parler de changement positif au lieu de se plaindre sur les problèmes au Québec, en écoutant le discours d’économie sociale de Jean-Martin Aussant, en écoutant la conférence sur la brutalité policière envers les Afro-américains aux États-Unis, en écoutant différents groupes parler de leurs initiatives auprès de la communauté pour faire une différence à leur manière, un jour à la fois, j’ai eu la piqûre. Ce souffle de changement, chuchoté par des dizaines de milliers de personnes à Montréal, trouve écho dans les parcelles du monde où l’espoir semble illusoire. Et il est important de se rassembler pour s’encourager à réaliser l’utopie.
Beaucoup de conférenciers ont mentionné la citation célèbre de Victor Hugo : « L’utopie est la vérité de demain. » Je crois en effet que si elle porte autant de sens 200 ans plus tard, c’est qu’elle est le reflet d’une pensée universelle et intemporelle. Personnellement, le FSM m’a ouvert un peu plus les yeux. M’a allumé un peu plus le cœur. Et a amplifié un peu plus le son de ma voix. Je ne crois pas avoir été la seule.