Photo : Roxanne Tétreault

Un texte d’Anne-Marie Duquette

Lauréate de la bourse Denis-Charland décernée par l’Atelier Presse Papier et la revue Le Sabord, Marie-Louise Déziel était de retour dans la région durant le mois d’avril pour sa résidence au centre d’artistes Presse Papier. Elle revient sur son parcours artistique florissant de la dernière année.

Native de Trois-Rivières et détentrice d’un baccalauréat en arts visuels de l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR), Marie-Louise Déziel a déménagé à Montréal à l’été 2023 pour ouvrir ses horizons créatifs. Son projet de fin de programme, Hors focus, qui a été retenu pour la bourse Denis-Charland, a également été finaliste au prix Albert-Dumouchel et a fait partie d’une exposition collective au centre d’art montréalais Arprim en juin dernier.

Ce projet prend racine à l’automne 2022, alors que l’étudiante, fascinée par le monde de la science, achète des cultures de mycélium dans des boîtes de Petri pour en faire des photos, des scans et des vidéos. Marie-Louise Déziel approche le département de microbiologie de l’UQTR pour avoir accès à un microscope avec caméra intégrée. « Non seulement ils ont accepté de me prêter le microscope, mais ils m’ont aussi donné accès à des lamelles de spécimens anatomiques, de corps humains, d’insectes, d’algues », dit-elle, des étoiles dans les yeux. Elle retient les spécimens humains et capte plusieurs images de tissus anatomiques, qu’elle traduit ensuite à travers différents médiums, tant numériques qu’analogiques : « Ça me permettait de construire une relation entre l’organique et l’artificiel. […] Je voulais amener le spectateur à se confronter à sa propre corporalité et à retourner son focus vers lui-même », explique-t-elle.

À travers sa démarche, la jeune artiste crée des ponts : « Je me suis mise dans la peau d’une scientifique pour faire une recherche sur les qualités plastiques de la matière organique, des images de laboratoire et du matériel de laboratoire. » Pour elle, masques, éprouvettes, béchers « représentent bien la dualité entre le naturel et l’artificiel. Ce sont des objets conçus de toute pièce par l’humain, donc artificiels, mais qui visent à manipuler la matière organique. » Si les deux notions peuvent paraître opposées, l’artiste les trouve intimement liées : « L’artificiel nous aide à mieux comprendre l’organique et l’organique nous aide à mieux nous comprendre nous-mêmes. »

Repérée par l’équipe du OFF festival de poésie de Trois-Rivières grâce à Hors focus, Marie-Louise Déziel est mandatée pour créer une exposition dans le cadre de l’événement trifluvien en 2023. Elle est alors habitée par plusieurs questionnements concernant la contraception et est animée par la volonté de « rendre hommage au système reproducteur féminin, mais parallèlement aussi [de] dénoncer le fardeau de la contraception qu’on fait socialement porter aux femmes ». C’est ainsi que naît A Not So Pink Burden, projet à la fois personnel et social : le soir du vernissage au café Frida, elle a eu beaucoup de discussions avec des hommes qui lui disaient « avec ton exposition, je me rends compte que je ne sais pas grand-chose et que je ne suis pas tellement conscient de la place de la contraception dans la vie des femmes ». Et ces discussions ont aussi contribué à sa réflexion personnelle : « J’ai arrêté de prendre la pilule ce soir-là, après 10 ans de prise en continu. Ç’a changé mon rapport à mon corps. »

Depuis quelques mois, l’artiste confie avoir entamé un processus de guérison. Ce travail sur elle-même l’amène à aborder l’art sous un nouvel angle : « Même si j’accorde beaucoup d’importance à la science et au savoir objectif, j’ai envie de trouver une façon où elle peut communiquer et cohabiter avec ma vulnérabilité et ma sensibilité. »

Dans le cadre de sa résidence à Presse Papier, elle compte explorer la transparence, à la fois dans les sujets et dans les matériaux. Elle testera l’impression numérique et la sérigraphie sur plexiglas transparent, qu’elle intégrera ensuite à des toiles, puis sur lesquels elle projettera des vidéos, de sorte que « la lumière passera à travers la toile et l’image sera reflétée au mur ». Les notions d’ouverture – matérielle et émotionnelle – lui permettront de travailler la profondeur à travers des médiums picturaux. Également candidate au concours télévisé La Voix édition 2024, Marie-Louise Déziel confie que « peut-être la musique va m’aider à être plus intuitive et vulnérable dans ma création artistique ». Une chose est sûre : si l’artiste crée à partir de matériaux plastiques et artificiels, son talent est certainement organique et naturel !

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