Photo : Anne-Sofie Bathalon
Initialement un organisme voué à la conservation des milieux naturels de l’île Saint-Quentin, la Fondation Trois-Rivières durable (F3RD) a évolué vers la couverture d’un territoire plus large. Cet organisme à but non lucratif (OBNL) s’engage à promouvoir un développement durable dans la collectivité trifluvienne. En préservant les espaces naturels et en soutenant les initiatives de changement, la F3RD vise à contribuer à bâtir une ville où il fait bon vivre. La Gazette de la Mauricie s’est entretenue avec son directeur général, Nicolas Pasian, afin de connaître les motivations qui l’ont poussé à s’investir activement dans cette lutte pour la préservation de l’environnement.
La Fondation en tant que partenaire
Nicolas Pasian explique que la F3RD est un OBNL paramunicipal qui agit en partenariat avec la Ville de Trois-Rivières. Ainsi, la Ville, Innovation et développement économique de Trois-Rivières (IDÉ) ainsi que la F3RD sont des entités complémentaires. Il ajoute : « Nous ne sommes pas un bras de la Ville, on n’en fait pas partie. Nous sommes indépendants, mais, malgré tout, nous sommes très proches. […] Nous faisons partie de ceux qui aident la Ville à atteindre ses objectifs. IDÉ, c’est plutôt la partie économique, et nous c’est plutôt la partie protection de l’environnement et développement durable. »
En 2021, Trois-Rivières a présenté sa nouvelle politique environnementale. La F3RD accompagne les acteurs municipaux afin de réaliser les objectifs établis dans le cadre de cette politique. Nicolas Pasian reconnaît l’ouverture et la confiance dont fait preuve la Ville envers son organisation. Par exemple, c’est la Fondation qui a la responsabilité de gérer le Fonds Éclore, qui permet aux organismes, aux entreprises et aux citoyen-nes de mettre en œuvre des projets environnementaux. Dans ce dossier, la F3RD a comme mandat de lancer les appels de projets et d’analyser la conformité des dossiers.
Accompagner pour favoriser le développement durable
La Fondation partage son expertise avec d’autres intervenant-es de Trois-Rivières. En effet, elle accompagne des entreprises afin de définir des objectifs et des moyens de réduire leur impact environnemental. Il s’agit en quelque sorte d’un diagnostic climatique. L’équipe de F3RD rencontre les entreprises et fait un bilan environnemental. Par la suite, ensemble, ils déterminent les actions visant à obtenir une certification en développement durable. « Il y a aussi beaucoup d’entreprises qui n’ont aucune pratique, aucune connaissance durable, ou qui en ont et qui ont fait ça un peu de leur bord sans être vraiment conscientes de tous les enjeux du développement durable. Nous, ce qu’on leur propose, c’est une formation de huit ou neuf mois », précise le directeur général.
Nicolas Pasian indique que son organisme s’occupe de plusieurs projets. Il rappelle que l’objectif premier de la F3RD est la conservation de milieux naturels sur le territoire de Trois-Rivières. Au cours des 10 dernières années, la Fondation a acquis plusieurs terrains, dont certains se trouvent dans la tourbière Red Mill. « Ce sont des milieux sensibles, des milieux humides qu’il faut protéger. […] Après, notre travail, c’est de trouver des subventions ou du financement pour justement être capables d’acheter ces terrains et de les conserver. » L’organisme détient également des servitudes, principalement à l’égard de terrains de la municipalité trifluvienne. À ce jour, la F3RD préserve près de 208 hectares de terres dans toute la ville.
Pour lui-même et pour ses enfants
Originaires de la France, Nicolas Pasian et sa famille sont arrivés à Trois-Rivières il y a environ deux ans. « On avait envie de changement. Il y avait aussi une forme de déception de la France à travers tout ça, d’un point de vue social, surtout, et économique. On s’est dit que pour nos enfants et pour leur avenir, il y avait peut-être un gros changement à faire. […] On a choisi Trois-Rivières justement pour cet équilibre qui existe entre la ville et la vie communautaire, tout en restant près de la nature. Montréal, c’était hors de question. »
Architecte de formation, Nicolas Pasian a eu son propre cabinet et a travaillé dans ce domaine pendant près de 15 ans. « Tout au long de mes études et de mon début de carrière, j’avais quand même déjà cette sensibilisation à des projets plus écoresponsables, plus respectueux des choses. Ça n’empêche pas de faire du développement, de la construction, mais avec cette envie d’avoir un impact quand même pas si négatif à travers les bâtiments. […] Malgré tout, en France, cela fait déjà pas mal d’années qu’on essaie de parler d’écoresponsabilité des bâtiments, de performance énergétique […], mais la réalité économique fait que souvent ces belles théories, ces belles idées sont balayées rapidement par les impératifs de temps et d’argent », raconte-t-il.
À un certain moment, ces contradictions en ce qui concerne certaines valeurs n’ont plus été supportables pour Nicolas Pasian : « J’avais honte de mon métier, surtout aux yeux de mes enfants », nous confie-t-il. Il a donc préféré tout quitter et se renouveler. Avant de traverser l’Atlantique, il a commencé par trouver un emploi dans un site naturel où il a acquis beaucoup de connaissances en conservation de l’environnement.
Maintenant citoyen trifluvien, il affirme qu’il est heureux de vivre ici, et qu’il espère également avoir un impact réel et concret sur la conservation et la protection de l’environnement.