Steven Roy Cullen, avril 2015
L’automne dernier, la société albertaine TransCanada déposait une demande officielle auprès de l’Office national de l’énergie (ONÉ) afin d’obtenir les autorisations nécessaires à la construction de l’Oléoduc Énergie Est. Selon les plans déposés, cet oléoduc de 4 600 km traverserait le Québec en passant par la Mauricie (TransCanada Corporation, 2015).
Une fois la construction terminée en 2018, l’Oléoduc Énergie Est aura une capacité de 1,1 million de barils par jour, soit 175 millions de litres de pétrole, pour acheminer le pétrole des sables bitumineux de l’Alberta jusqu’au Nouveau-Brunswick (TransCanada Corporation, 2015).
La demande énergétique du Québec constitue un des arguments avancés pour justifier la construction de cet imposant pipeline sur le territoire québécois (TransCanada Corporation, 2015). Si le Québec importe plus de 15 milliards de dollars de pétrole annuellement, soit l’équivalent de 350 000 barils par jour en moyenne, la capacité de l’Oléoduc Énergie Est équivaut à trois fois cette moyenne quotidienne (Gouvernement du Québec, 2014).
En fait le projet Oléoduc Énergie Est, comme plusieurs autres projets de pipelines, vise d’abord à désenclaver le pétrole albertain. Bien que cette production puisse en partie être écoulée aux États-Unis, l’accès à ce marché se trouve limité du fait de l’augmentation importante de la production américaine de pétrole de schiste. La croissance du secteur pétrolier canadien pourrait donc être compromise si de nouveaux marchés ne deviennent pas accessibles prochainement (CERI, 2014).
L’Oléoduc Énergie Est ouvre ainsi la voie à l’expansion de l’exploitation des sables bitumineux. Il est estimé que cette expansion entraînera d’ici 2022 l’utilisation, notamment, de 772 900 m3 d’eau par jour, soit l’équivalent de 309 piscines olympiques, et la destruction de 18,6 hectares de forêt vierge par jour, soit l’équivalent de 34,5 terrains de football (Institut Pembina, 2013).
À lui seul, il est estimé que l’Oléoduc Énergie Est sera responsable d’environ 30 millions de tonnes d’émissions de gaz à effets de serre annuellement, soit l’équivalent d’ajouter 7 millions de voitures sur les routes à chaque année (Institut Pembina, 2013).
Depuis plusieurs mois, TransCanada mène une campagne de séduction pour vanter les mérites de l’Oléoduc Énergie Est et favoriser son « acceptabilité sociale » au Québec. On nous promet, notamment, la création de 2 404 emplois directs à temps plein durant la phase de construction et de 133 durant les 20 premières années de la phase d’exploitation (TransCanada Corporation, 2015).
Considérant l’opposition rencontrée et les délais observés avec les autres projets d’oléoducs comme Keystone XL aux États-Unis et Northern Gateway en Colombie-Britannique, cette campagne de TransCanada semble être le fait d’une entreprise qui a un besoin urgent d’accéder à de nouveaux marchés.
En réponse à cette opération charme de TransCanada, un réseau bien organisé d’opposition citoyenne a vu le jour au cours des derniers mois. Celui-ci estime que les bénéfices promis sont bien maigres comparativement aux conséquences indélébiles d’éventuels déversements. Face aux risques inhérents à ce genre de projet et aux conséquences environnementales susmentionnées, ne vaudrait-il pas mieux miser sur les énergies alternatives et la réduction de la consommation énergétique ?