
Judith McMurray, septembre 2019 Évaluation: Après plus d’un an d’attente, le voici enfin sur nos écrans : The Death And Life Of John F. Donovan, le 7e long-métrage de Xavier Dolan. Il s’agit du premier film du jeune cinéaste québécois tourné exclusivement en anglais. On y met en vedette Kit Harington, Jacob Tremblay, Nathalie Portman, Susan Sarandon et plusieurs autres acteurs de renom. Le récit présente un jeune homme, Rupert Turner (Ben Schnetzer), qui se remémore son enfance alors qu’il entretenait une correspondance avec son idole, l’acteur John F. Donovan (Kit Harington). Lors de sa première sortie au Festival du Film de Toronto, The Death And Life Of John F. Donovan avait reçu un tollé de critiques négatives. Par conséquent, on s’attendait au désastre… D’emblée, on peut qualifier le film de trop ambitieux. En effet, Dolan présente un nombre impressionnant de relations humaines, de situations problématiques, de réflexions, d’idéologies, etc., sans toutefois les approfondir. Lorsqu’on se renseigne un peu sur l’œuvre, on constate que le montage initial aurait eu une durée de quatre heures. Pour le ramener à deux heures, la post-production a été contrainte de couper du contenu. Cela explique certainement pourquoi, après le visionnement, on éprouve un léger sentiment d’inachevé. On se demande, en tant que spectateur : « que voulait-on me dire exactement ? ».
Par ailleurs, le film The Death And Life Of John F. Donovan dégage un caractère très hollywoodien et consensuel. Ainsi, on ne retrouve pas l’essence plutôt artisanale auquel Dolan nous avait habitués dans ses œuvres précédentes, ce qui est probablement attribuable au budget impressionnant qui lui a été accordé (on parle d’une trentaine de millions). De fait, sa réalisation regorge de scènes mélodramatiques, tant dans leur forme que dans leur fond. Somme toute, il faut admettre que ce film est captivant et fort agréable à regarder. Ce n’est certes pas le meilleur long-métrage du cinéaste, mais Dolan est tout de même parvenu à réaliser une œuvre solide sur le plan visuel. Le travail des acteurs est également à souligner puisqu’ils offrent tous des performances à couper le souffle. À travers ce récit, on remarque plusieurs aspects qui semblent presque appartenir à la vie de Dolan : le jeune garçon doué et fasciné par la télévision, la star qui arrive péniblement à vivre son succès, etc. On reconnaît également les thématiques fétiches du réalisateur dans ce 7e long-métrage, soit la relation mère-fils, les plans rapprochés, l’omniprésence de la musique ou encore la quête existentielle et sexuelle, bref, les récurrences sont nombreuses. On sent le jeune cinéaste à l’aise avec ces sujets et ces techniques cinématographiques, aspects qui nous permettent de percevoir la signature de Dolan, et ce, en dépit du caractère hollywoodien omniprésent de cette œuvre. Au final, celui qui nous a entre autres offert J’ai tué ma mère et Mommy ne se révèle pas au sommet de ses capacités avec son dernier film. Néanmoins, The Death And Life Of John F. Donovan n’est pas la catastrophe qu’annonçaient les critiques anglophones…
Cette critique est rendue possible grâce au Cinéma Le Tapis Rouge. Voyez leur programmation ici.