Magali Boisvert – juin 2020 – Dossier Des plants pour l’avenir
Au moment où la crise de la COVID-19 a frappé, certaines initiatives agroalimentaires en Mauricie avaient déjà été mises en place afin d’établir un pont plus direct entre les producteurs locaux et les consommateurs de la région. Ainsi, l’aspect novateur de deux projets mauriciens, Caxton mange et Des Chenaux récolte, a permis de prendre les devants rapidement pour rejoindre les assiettes locales. La mission première de ces projets : rendre accessibles des aliments locaux et frais aux collectivités visées.
Caxton mange, et il mange local
Caxton mange est un marché local s’apparentant à un groupe d’achat qui a été instauré à Saint-Élie-de-Caxton par les Caxtonniens Thierry Laliberté et Patrick Gagnon ainsi que la Caxtonienne Amélie Poirier-Aubry. Leur idée s’inspire de projets comme les Fermes Lufa dans la région de Montréal, où les personnes participantes font des commandes en ligne de produits frais pour ensuite les récupérer dans l’un des multiples points de cueillette.
Pour Amélie Poirier-Aubry, l’offre alimentaire dans son village correspond à un paysage de désert alimentaire. Pour avoir accès à des aliments locaux frais, il faut se rendre chez les différents producteurs aux quatre coins de la Mauricie – ce qui n’est pas une situation idéale pour faire son épicerie en temps de pandémie. Les instigateurs voient cependant plus loin que la crise actuelle et souhaitent que l’entreprise soit pérenne.
Il s’agit aussi d’un bon coup de pouce aux producteurs locaux, puisque plusieurs d’entre eux assument une grande baisse de revenus. Patrick Gagnon a pensé à cette épicerie en ligne après avoir visité le producteur de pousses Les cultures d’aujourd’hui à Charette, qui accusait une baisse majeure de revenus depuis le début de la crise.
Un processus en évolution
Chez Caxton mange, les commandes se font en ligne et le processus fonctionne rondement depuis plusieurs semaines. Et l’offre ne manque pas : des légumes bio de la Coop La Charrette, des asperges de Saint-Étienne-des-Grès, du lait de vache de la laiterie Lampron de Saint-Boniface, du kombucha, de la viande bio et plus encore.
Une fois la commande passée, entre le dimanche soir et le mardi soir, le paiement s’effectue en ligne par virement Interac. Ne reste plus qu’à attendre au vendredi pour aller cueillir les fruits de ses achats, de 14 h à 17 h, au village de Saint-Élie. Le fonctionnement de ce marché virtuel sera très bientôt remanié, puisqu’un site Web transactionnel est sur le point d’être lancé afin de simplifier les interactions. De nouveaux points de chute sont également prévus.
Après Maski récolte, des Chenaux récolte
De l’autre côté de la route 155, la MRC des Chenaux innove aussi. Inspirés par l’initiative de Maski récolte, les membres du Comité de développement social des Chenaux se sont alliés pour établir un projet de glanage dans la MRC. L’organisme Des Chenaux récolte vise entre autres à réduire l’insécurité alimentaire de la collectivité en cueillant les surplus alimentaires de producteurs locaux.
Comment cela fonctionne-t-il ? Isadora Tremblay, de la SADC Vallée de la Batiscan, nous l’explique : « D’abord, les producteurs de la MRC sont invités à s’inscrire à Des Chenaux récolte pour recevoir le coup de main, lorsqu’ils en font la demande, de citoyens-cueilleurs. Ceux-ci viennent ramasser les récoltes en surplus, qui autrement ne seraient pas cueillies par les producteurs eux-mêmes – que ce soit par manque de temps ou de ressources. La supervision étant assurée par la chargée de projet, Magaly Macia, le producteur peut en toute quiétude laisser le groupe de cueilleurs bénévoles faire le travail. »
Le tiers de cette récolte de surplus alimentaires est destiné aux citoyens-cueilleurs, qui repartent donc avec des aliments frais gratuits. Un autre tiers est remis au producteur et le dernier tiers est distribué à des organismes communautaires de la MRC afin d’aider les personnes dans le besoin.
Pour Isadora Tremblay, l’étroite collaboration entre Maski récolte et Des Chenaux récolte est des plus bénéfiques pour la région. En effet, il résulte de ces récoltes citoyennes une plus grande sécurité alimentaire, un lien plus direct entre les producteurs et leur clientèle, moins de gaspillage alimentaire et une mixité sociale hors du commun. On le voit dans ces deux projets : il n’y a rien qui rassemble mieux que la nourriture !
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