Collaboration spéciale Culture Trois-Rivières
L’équipe de Culture Trois-Rivières a lancé en janvier dernier un projet de médiation culturelle destinée à rapprocher des enfants et des personnes âgées en résidence. Le projet, intitulé « À chacun son histoire », a permis de mettre en contact des jeunes de la 4e année de l’école primaire Cardinal-Roy, ainsi que des résidents et résidentes des Maronniers, à travers l’art et les objets anciens.
Un projet intergénérationnel et interculturel
Claudia Marin, responsable du projet chez Culture Trois-Rivières dans l’équipe du développement culturel, explique que l’idée de rassembler les enfants et les personnes âgées à travers la médiation culturelle trottait dans la tête de l’équipe depuis un bon moment. Or, l’occasion s’est présentée d’ajouter un aspect interculturel à l’expérience : « On s’est dit : “Pourquoi ne pas faire le projet avec des élèves de quatrième année qui seraient issus de diverses communautés culturelles ?”, puisqu’on sait que certains élèves n’ont pas leurs grands-parents avec eux parce qu’ils sont restés dans leur pays d’origine. »
Évidemment, il fallait ensuite trouver une manière de faire entrer l’art dans l’équation. « On souhaitait travailler avec une artiste multidisciplinaire qui est établie à Trois-Rivières, qui a une approche en médiation culturelle, donc qui a de la facilité à entrer en connexion avec différentes clientèles et qui est à l’aise d’animer une rencontre entre deux clientèles qui ne sont pas nécessairement habituées à se côtoyer. On a pensé à Alejandra Basañes, une artiste multidisciplinaire qui a aussi une connaissance de la réalité des personnes immigrantes », relate Claudia Marin.
Un mini musée dans une salle de classe
Alejandra Basañes, artiste d’origine argentine, a eu carte blanche dans le processus. C’est sur les objets anciens qu’elle a choisi de consacrer les créations artistiques : « L’idée, c’était de créer des textes et des images à partir des objets anciens. »
Alejandra Basañes a d’abord présenté aux jeunes les artéfacts dans leur classe : « Je voyage avec un mini musée ! Il y a des fers à repasser, il y a des chandeliers, des anciens outils de construction, donc les élèves, quand ils ont vu ces outils-là, ont imaginé ça servait à quoi. Il y avait des outils qu’ils n’avaient jamais vus, parce qu’on ne les utilise plus. Donc, des fois, ça créait l’imagination de trouver une fonctionnalité qui n’existe pas. C’est des conversations vraiment drôles ! »
Les jeunes ont ensuite utilisé des cartes postales pour correspondre avec la personne âgée de la résidence des Maronniers avec laquelle ils étaient jumelés. Éventuellement, dès que les contraintes sanitaires l’ont permis, les paires ont pu se rencontrer, non sans fébrilité.
Le cycle de la vie
Alejandra Basañes et Claudia Marin ont toutes deux assisté à des conversations, par moments touchants, par d’autres cocasses, entre les enfants et leurs adultes assignés. L’artiste trifluvienne se rappelle d’une dame qui « racontait que dans son village, quand elle était jeune, il n’y avait pas de pompiers. Quand il y avait un incendie, il y avait le prêtre qui arrivait d’abord avec l’eau bénite ! »
Claudia Marin relate de son côté un échange entre une résidente « inspirante » presque centenaire qui expliquait son passé à la jeune élève lui étant assignée. « Elle lui disait que c’était du donnant-donnant ; qu’éventuellement ce serait son tour quand elle serait plus vieille, qu’une jeune fille de son âge lui posera des questions. C’est un cycle de la vie, et c’est tellement beau d’entendre ça d’une résidente qui se mettait dans la peau d’une jeune de 10 ans. »
Des expositions à venir
Avec les correspondances et les dessins des objets anciens réalisés par les duos intergénérationnels, Alejandra Basañes créera de grandes bannières qui seront exposées d’abord dans la cour de la résidence des Maronniers, puis dans la cour de l’école Cardinal-Roy, jusqu’à la fin des classes. Avec de tels résultats, l’équipe de Culture Trois-Rivières souhaite reproduire ce genre de projet rassembleur dans le futur.