Dans le cadre d’une série de rencontres d’artistes de la Mauricie intitulée Donner des fleurs au suivant, nous donnons l’opportunité à chaque artiste de décider de la prochaine personne dont nous ferons le portrait. Lorsque nous avons rencontré l’illustratrice et bédéiste Catherine Bard, elle peinait à contenir son enthousiasme envers une artiste en particulier… Laura Niquay. Celle qui aura eu une année 2022 couronnée de succès compte bien ne pas ralentir le rythme.
Kwei Laura ! Ça me fait plaisir de te parler à nouveau, puisque nous nous sommes déjà entretenues cet été dans le cadre du Festivoix. Comment décrirais-tu ta musique à quelqu’un qui ne la connaîtrait pas ?
Je suis très engagée. C’est vraiment important que je sois comme ça. Je travaille beaucoup sur mes textes, et c’est d’ailleurs ce que je suis en train de faire aujourd’hui. Mais engagée, je pense que c’est ça, le mot que j’utiliserais.
Je me souviens que tu avais mentionné que tu n’aimais pas trop te rattacher à une étiquette en musique puisque tu aimes explorer les différents genres.
Oui, oui… Je vais aller dans différents styles de musique, comme là, c’est le blues. J’ai grandi là-dedans, dans le blues. Le blues vient aussi des Premières Nations partout dans le monde, alors je veux démontrer que je suis capable de faire d’autres styles de musique.
Quels projets t’ont rendue fière au fil de ta carrière ?
Pour ce qui est de mes projets, ma fille est tout le temps là. Je suis aussi fière de l’album que j’ai fait, les vidéoclips… Mais j’ai encore vraiment plusieurs projets à accomplir.
Nous t’avons vue gagner à l’ADISQ les prix d’Artiste autochtone de l’année et Album autochtone de l’année, et tu as eu en général beaucoup de reconnaissance cette année. Comment est-ce que tu vis ça ? Est-ce que ça change ta manière d’aborder ta musique ?
C’est sûr que ça a changé un peu, mais je vois encore loin. Ces deux prix-là, ce n’est pas encore assez pour moi, pour l’industrie de la musique québécoise. C’était assuré que j’allais gagner, que j’allais aller chercher ces deux prix-là, alors je suis capable d’aller en chercher encore plus dans les prochains galas. C’est ça que je vais aller prouver, que la musique autochtone peut évoluer, peut être entendue, reconnue, respectée. Je vise aussi les plus grandes stations de radio, je pense aussi à ça. J’écoute tout le temps la radio, sur la route, et je voudrais aller chercher ce public-là.
[NDLR : Plusieurs artistes autochtones comme Samian et Florent Vollant déplorent le fait que les diffusions de musique autochtone sont trop peu nombreuses sur les ondes puisqu’elles ne s’inscrivent pas dans les quotas francophones et qu’aucun quota n’est requis pour la diffusion de musique autochtone.]
Et du côté du public, est-ce que tu la sens, cette vague d’amour envers toi ?
C’est sûr que c’est la popularité qui a beaucoup grandi, mais ce n’est pas important pour moi. L’important, c’est la façon dont je travaille, c’est la façon dont je vois les choses. Et c’est les jeunes aussi, j’encourage beaucoup les jeunes dans les communautés, ça a un impact sur les jeunes. Ils voient grand aujourd’hui comparé à avant. Jamais je ne vais arrêter de les encourager, ma priorité c’est eux parce que je suis passée par là.
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C’est maintenant le moment de lancer des fleurs à la prochaine personne que nous allons rencontrer. Qui as-tu choisi de nommer ?
Je pense que ça vaut la peine de connaître Jacques Newashish. C’est un modèle pour moi, il fait des chants traditionnels aussi — et d’ailleurs j’ai eu un cadeau d’un tambour dernièrement —, donc j’aimerais qu’on puisse connaître aussi Jacques Newashish, qui est un artiste multidisciplinaire. J’ai encore d’autres talents cachés, mais ça fait longtemps que je n’ai pas dessiné ou fait de la peinture, et Jacques m’inspire beaucoup.
Que voudrais-tu dire à Jacques ? Je lui passerai le mot.
J’aimerais lui dire : Tu m’inspires beaucoup, et avec tes dessins, c’est quelque chose que j’ai aussi à l’intérieur de moi. J’aimerais participer à quelque chose avec lui à un moment donné, sur un tableau ou de la peinture, surtout. J’aimerais collaborer avec lui plus tard, peut-être pour mon prochain album ou le suivant.