Dans le cadre de notre édition du mois portant, comme chaque année, sur le féminisme, j’ai rencontré une femme inspirante, qui est aussi mère monoparentale. Mon objectif était d’aborder les enjeux auxquels cette mère a été confrontée et de voir comment la réalité des mères monoparentales était reflétée dans l’art cinématographique. Laissez-moi vous la présenter.
Originaire de Grand-Mère, où son père œuvrait dans le milieu des pâtes et papiers, Suzanne est mère de deux enfants nés de deux pères différents, qui l’ont tous deux laissée élever leur enfant seule. Maintenant âgés de 21 et 24 ans, son fils et sa fille ont aujourd’hui peu de contacts avec leur père respectif. Suzanne préfère d’ailleurs les appeler «géniteurs»; pour elle, un père se doit d’être présent auprès de son enfant pour mériter ce titre.
Les mères monoparentales au cinéma
Afin de plonger dans la réalité de Suzanne, mais aussi des mères monoparentales en général, il m’a semblé intéressant d’examiner la représentation que l’art cinématographique donnait de ces femmes. Leur a-t-il donné une voix comme il a souvent réussi à le faire pour d’autres? Est-ce que ce rôle est présent, plus précisément, dans le paysage cinématographique actuel?
Afin d’être en mesure de tracer des parallèles, j’ai donc demandé à Suzanne de me parler d’un film qui mettait de l’avant un personnage de mère monoparentale auquel elle s’était identifiée. Ma requête l’a laissée perplexe. Elle n’arrivait pas à en trouver un seul.
Après quelques recherches, nous avons pensé à Mommy de Xavier Dolan, film gagnant du Prix du jury de Cannes dans lequel Anne Dorval joue le rôle de Diane, mère d’un adolescent à problèmes. La principale intéressée m’avoue qu’elle a été incapable de s’identifier au personnage de Diane, parce que celle-ci lui a semblé trop exagérée et qu’elle entretenait avec son fils une relation toxique et violente. Bref, le film n’était pas du tout représentatif de son quotidien.
La monoparentalité, un cas isolé?
J’ai tenté de trouver d’autres films mettant en vedette des femmes monoparentales, mais ils sont malheureusement peu nombreux. Pourtant, on recensait en 2011 plus d’une famille québécoise sur cinq dirigée par une mère monoparentale. Si cette proportion est aussi élevée, pourquoi ne voit-on que rarement ce type de famille au cinéma ou même à la télévision?
Suzanne me confiait que l’un des aspects les plus difficiles de la monoparentalité était l’isolement. Elle ajoutait qu’elle a heureusement su s’entourer de sa famille et de ses amis, mais constatait que ce ne sont pas toutes les mères seules qui ont cette chance (d’autant plus qu’on reconnaît que les mères seules sont bien plus à risque de glisser sous le seuil de pauvreté).
Comme l’art a toujours été une façon de mettre en lumière les enjeux sociaux, Suzanne souhaite voir plus de mères monoparentales connaître le succès dans le domaine artistique et créer des œuvres qui leur ressemblent afin que la monoparentalité au féminin cesse d’être aussi invisible.
Je tiens à remercier ma mère, Suzanne Boisvert, de m’avoir permis d’esquisser un portrait d’elle.