L’artiste Camilia Leclerc-Richard nous explique la symbolique de la murale qu’elle a créée récemment ainsi que les quatre étapes de réalisation d’une telle œuvre.
Aux origines du projet
Pour la troisième année consécutive, Culture Trois-Rivières, en collaboration avec MURAL, a demandé aux artistes de la région de soumettre des propositions dans le cadre du projet de circuit de murales. L’œuvre qui a été retenue est celle de l’artiste et enseignante en arts plastiques Camilia Leclerc-Richard. Supervisée par Jean René, chargé de projet chez MURAL, la Trifluvienne dit avoir eu « l’impression d’être à l’école du muralisme » durant les deux cent cinquante heures, réparties sur deux semaines, consacrées à la réalisation de la murale. L’artiste précise que MURAL ne s’est pas contenté de l’encadrer dans la production de son œuvre, mais que l’organisme lui a aussi transmis de précieuses connaissances, en partageant une méthode de travail, du matériel et des conseils.
Compte tenu de son emploi d’enseignante, Camilia Leclerc-Richard a parfois de la difficulté à trouver le temps pour créer, mais, récemment, elle a décidé « de pousser plus sa pratique artistique ». Oscillant entre peinture, murale et art numérique, le dénominateur commun de son œuvre réside dans son style graphique et coloré, ce dernier élément étant d’ailleurs celui qui a séduit le comité de travail de Culture Trois-Rivières.
La traversée d’un regard
Intitulée La Traversée, la murale de Camilia Leclerc-Richard a été exécutée sur le mur extérieur de Novo Trois-Rivières. Elle représente « la naissance d’un regard qui voyage à travers les intempéries et le regard d’autrui pour finir vers le haut, grand et émerveillé ». Dans l’œuvre au mur, ce regard provient d’un coquillage. Symbole de bonheur et de chance, selon l’artiste, le coquillage permet au regard d’affronter sereinement celui des autres, de traverser les moments difficiles tout en se rappelant « qu’il y a toujours un peu de couleurs dans nos vies ».
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Elle explique avoir voulu « oser les couleurs » afin de concevoir quelque chose de dynamique qui rende honneur au centre-ville. Elle ajoute : « Les avions en papier sont un clin d’œil à la papeterie de Trois-Rivières ; cela, je ne l’ai pas dit souvent. »
Comment réalise-t-on une murale ?
C’est la question que nous avons posée à Camilia Leclerc-Richard. Elle nous apprend qu’il y a quatre étapes à suivre pour créer une murale. En admettant qu’on a déjà trouvé le mur, la première étape est de dessiner un croquis. Il s’agit d’un processus assez long ; dans le cas présent, cela aura nécessité environ deux mois. « Ce n’est pas tous les artistes qui procèdent ainsi, mais moi, sur ma tablette, je fais mon croquis sur une photo du bâtiment. Cela me permet de prendre en considération dès le départ les fenêtres, les sorties d’air ou les pancartes. »
La deuxième étape, qui requiert une journée complète, est d’étendre la couche d’apprêt. La troisième étape, qu’on effectue immédiatement après (donc dans la nuit), consiste à projeter le croquis sur le mur et à le tracer à main levée à la canette. Finalement, dès le lendemain, on s’attaque à la dernière étape, c’est-à-dire peindre l’œuvre.
Camilia Leclerc-Richard précise qu’il faut procéder du haut vers le bas : « On n’y pense pas toujours, mais quand on fait de la peinture, il y a des gouttes qui tombent. Si on commence par le bas, à la fin, il va falloir reprendre le travail à cause des gouttes. » Une fois que l’essentiel est fait, il ne reste qu’à fignoler les détails. Pour l’ensemble de la murale, l’artiste n’aura eu besoin que de l’aide de Jean René.
Selon Camilia Leclerc-Richard, « l’art urbain revient à la mode. Les municipalités sont de plus en plus enclines à encourager cette forme d’art ». Elle nous révèle avoir déjà reçu quelques propositions pour réaliser d’autres murales dans les mois à venir.