Le 23 février 1869, le procès pour meurtre d’Elzéar Guillemette débute à la cour des Assises du District d’Arthabaska. [1] Guillemette est accusé d’avoir volontairement déclenché un incendie dans le but d’assassiner sa femme et leurs deux enfants. Ce tragique événement s’est déroulé le 25 septembre 1868 à Saint-Christophe d’Arthabaska. S’il est reconnu coupable, la sentence sera la condamnation à mort par pendaison. Elzéar clame fortement son innocence. 

À lire : L’affaire Guillemette de 1868

Après l’incendie de la demeure des Guillemette, une rumeur fait beaucoup de bruit dans la petite localité de Saint-Christophe. Certains voisins allèguent une histoire d’amour entre la bonne de la famille, Marie Leblanc, âgée de 17 ans lors des faits, et Elzéar. 

Ce serait le principal motif de l’assassinat de sa famille. Toutefois, la thèse de l’incendie accidentel n’est pas écartée. 

Lors du procès, 20 témoins seront appelés à la barre. [2] Un jury de 12 personnes écoute attentivement les témoignages et les plaidoiries. Or, les principaux témoins sont Marie Leblanc et deux garçons, de 10 et 13 ans, voisins de la famille Guillemette. Ces derniers témoignent avoir surpris une querelle entre le mari et la femme. Ils auraient entendu Elzéar crier : « L’un de nous périra cette nuit ; l’un de nous ira dans le bois cette nuit ». [3] On se rappelle qu’Elzéar est sorti durant la nuit de l’incendie pour aller couper du bois. Coïncidence ? En ce sens, si les deux garçons disent vrai, la thèse de l’assassinat devient de plus en plus plausible. 

Lors de son témoignage, Marie Leblanc affirme avoir habité environ deux mois durant l’année 1868 chez les Guillemette. Elle affirme également que le couple ne s’entendait pas très bien. Il se querellait souvent selon Marie. Voici les principales affirmations de Leblanc lors de son témoignage. 

Elzéar désirait se rendre à Wotton pour visiter les terres de la région. Mme Guillemette souhaite l’accompagner, mais celui-ci refuse. Une dispute éclate donc.

Quelque temps plus tard, Marie demande à l’accusé si elle peut l’accompagner pour aller visiter sa sœur qui demeure à Wotton.  Rien pour calmer les soupçons de Mme Guillemette envers son mari et la jeune bonne. Marie affirme que Mme Guillemette l’aurait insultée à la traitant de « salope et de chienne ». Ce faisant, Marie se rappelle avoir dit à Mme Guillemette que « si j’avais tant de mauvaises qualités, je ferais mieux de m’en aller ». [4]

Toujours selon Marie, lorsque Elzéar décide de se rendre à Wotton, sa femme lui dit : « Si tu aimes quelqu’un plus que moi, elle ne restera pas ici ». [5]

 Marie se rappelle une conversation où Elzéar lui a demandé si elle consentirait à devenir son épouse s’il devenait veuf. « Comment pouvez-vous faire une telle proposition à une jeune fille comme moi ? » lui répondit-elle. [6] Selon ses dires, Elzéar se serait mis à pleurer, à gronder et lui aurait répondu qu’à cause de sa maladie, sa femme ne pourrait pas vivre longtemps. Quelle maladie lui demande Marie. Elle a mal aux dents, lui répond Elzéar. Il poursuit : « Je suis complètement découragé : chaque fois que j’entre dans la maison, c’est toujours la chicane qui m’attend. Dans 15 jours, j’aurai trouvé un moyen de me défaire de ma femme ». [7]

Mal à l’aise, Marie lui dit que, « [d]ans ce cas, il y aura une justice pour vous comme pour les autres, malgré [sic] que votre femme soit méchante ! ». [8] Ce témoignage ne permet pas t’atténuer les soupçons envers l’accusé. 

Marie réfute donc la rumeur d’une relation amoureuse avec l’accusé, puisque quelques semaines après le tragique incendie, il y a publication des bans de son mariage avec Prospère Beauchêne. Les témoignages incriminent donc Elzéar Guillemette d’avoir possiblement comploté pour assassiner sa femme et parallèlement ses deux enfants. 

Le jury reconnait finalement Elzéar Guillemette coupable du meurtre de sa femme et de ses deux enfants. Il est donc condamné à mort par pendaison.

Coup de théâtre ! Les avocats du prisonnier « en appellent de ce verdict ». Un nouveau procès aura donc lieu au mois de février 1870, soit un an plus tard. Sur quoi les avocats d’Elzéar Guillemette vont-ils se baser pour renverser le verdict ? 

À suivre !

Références

[1] Anonyme. « Assise d’Arthabaska : Procès d’Elzéar Guillemette pour meurtre de sa femme et de ses deux enfants », Journal des Trois-Rivières, no 52, vol. 4, vendredi 5 mars 1869, p.3.
[2] Court of Queen’s Bench, « Report of the proceedings and evidence at the trial of Elzear Guillemette for murder: at the term of the Court of Queen’ s Bench (Criminal Side) held for the said district in February, 1870 », [En ligne] https://www.canadiana.ca/view/oocihm.06659/10 (page consultée le 12 août 2024).
[3] Ibid., p. 2.
[4] Ibid., p. 11.
[5] Ibid.
[6] Ibid., p. 12.
[7] Anonyme. « Condamné à mort, il échappe au bourreau », Photo journal, no 2, vol XIX, 30 avril 1955, p. 2.
[8] Ibid.

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