Il est évident que le bilan environnemental de l’industrie alimentaire mondiale laisse à désirer. La production de viande en serait la grande coupable, puisqu’on doit dans ce cas produire de la nourriture pour nourrir la nourriture. Une piste de solution s’impose : réduire la consommation de viande.
L’industrie alimentaire : grande émettrice de GES
L’industrie alimentaire est responsable d’un tiers des émissions globales de gaz à effet de serre, selon l’Organisation des Nations Unies.
Bien que ces émissions nocives soient générées à toutes les étapes depuis la production jusqu’à la consommation en passant par le transport, la transformation et la distribution, la proportion la plus importante proviendrait de l’agriculture et de l’utilisation des terres.
Cette proportion excessive de GES dans l’industrie agricole s’explique par plusieurs facteurs :
- l’émission de méthane – un gaz 80 fois plus nocif pour l’environnement que le dioxyde de carbone sur une période de 20 ans – par les ruminants comme les vaches et les moutons ;
- l’émission d’oxyde nitreux, présent dans les engrais chimiques utilisés dans la production végétale ;
- l’émission de dioxyde de carbone lié à la déforestation nécessaire à l’expansion des terres cultivables ;
- les émissions variées provenant de la gestion du fumier, des rizicultures, de la combustion de résidus agricoles ainsi que de l’utilisation de combustibles non renouvelables dans l’industrie fermière.
La principale différence entre la production de viande et celle d’aliments végétaux se trouve de manière prépondérante à l’étape de base de la chaîne de production : l’agriculture et son utilisation des terres, ce qui en fait la grande coupable des émissions de GES. Coïncidence ?
L’élevage industriel est à blâmer
L’élevage industriel est responsable de 80 % des émissions de GES par l’industrie agricole, affirme Greenpeace.
Selon un rapport publié en 2018 sur la production de viande et de produits laitiers d’ici à 2050, l’agriculture, en particulier l’élevage, est parmi les principaux facteurs de perte de biodiversité à l’échelle mondiale.
Cette estimation s’explique via le concept de « limites planétaires », c’est-à-dire « une nouvelle approche qui permet de quantifier les évolutions dans la capacité de la Terre à assurer le maintien de la vie ». Ce concept définit neuf limites planétaires, dont chacune représenterait un processus global indispensable à la vie humaine.
Parmi ces neuf limites planétaires, l’agriculture et l’élevage tels qu’on les connaît à l’heure actuelle en mettraient six en péril, soit les deux tiers :
- le changement dans l’affectation des sols ;
- l’intégrité de la biosphère ou la perte de biodiversité ;
- les flux biogéochimiques (pollution à l’azote et au phosphore) ;
- les changements climatiques ;
- la consommation d’eau douce ;
- les entités nouvelles, c’est-à-dire l’impact encore inconnu de nouvelles substances ou formes de vie.
Selon l’estimation scientifique, les quatre premières limites planétaires ont déjà été largement dépassées. Les répercussions de l’agriculture et de l’élevage ne font donc que mettre de l’huile sur le feu.
Toujours plus de pâturages
Le facteur clé en ce qui concerne l’impact environnemental aigu de l’élevage industriel consiste en l’expansion constante des pâturages au détriment des forêts, des prairies et des savanes indigènes. Toujours selon Greenpeace, environ deux milliards et demi d’hectares sont réservés aux pâturages sur la planète, soit la moitié de la surface agricole mondiale ou 26 % de la surface terrestre en entier.
L’impact environnemental de l’étendue des pâturages mondiaux se fait sentir à plusieurs niveaux. On parle entre autres d’une baisse de la densité des populations de plusieurs espèces pour cause de perte d’habitat, la perturbation du cycle des nutriments dans le sol ou encore la modification des systèmes d’eau douce. La perte d’habitat indigène constitue d’ailleurs le principal facteur de perte de biodiversité à l’échelle planétaire.
L’élevage ou tout faire en double
L’élevage, dans sa définition la plus concrète, consiste à produire de la nourriture (céréales, grains, etc.) pour nourrir (alimentation) la nourriture (bétail). On doit donc tout faire en double : deux productions distinctes d’aliments, deux fois plus de terres, deux fois plus de ressources… et deux fois plus de GES.
En Europe, 71 % des terres arables sont utilisées non pas pour nourrir les humains, mais bien le bétail, selon Greenpeace. La moitié de ces terres pourraient être réattribuées à la production de légumes secs, de fruits ou de céréales. Il en va de même pour la consommation d’eau douce : 98 % de l’empreinte hydrique agricole provient des cultures destinées à l’alimentation animale.
Une solution simple
La solution est simple : manger moins de viande. L’important, selon une étude menée par Peter Scarborough, professeur à l’Université d’Oxford, c’est ce qui se trouve dans l’assiette. Autrement dit, le choix des aliments importe plus que leur provenance. La viande ayant l’impact environnemental le plus faible, soit le porc biologique, reste huit fois plus dommageable que la plante la plus nocive, soit les oléagineux, affirme l’étude.
Cependant, réduire sa consommation de viande ne veut pas dire être végétarien. Du reste, au plan environnemental, la différence entre les régimes avec peu de viande, végétarien et pesco-végétarien serait minime.
La clé se trouve dans la quantité de viande consommée. En effet, l’adoption d’un régime comprenant moins de 50 g de viande par jour permettrait de diminuer de moitié l’empreinte carbone de son alimentation. Le contenu de l’assiette est donc bien plus qu’une question de préférence.
C’est le message que véhicule l’initiative Meatless Monday, un mouvement global qui encourage les gens à réduire leur consommation de viande pour leur santé et pour celle de la planète. L’idée est simple : commencer la semaine sans viande… puis peut-être manger plus végé les jours suivants.