L’été 2024 des démocrates : contributions électorales de 310 millions de dollars en juillet, remontée significative dans les sondages, retour en force dans les États pivots et un happy ticket Harris / Walz déstabilisant pour Trump [1].
Mais il est toujours dans la course !
Bref retour
Gestion chaotique de la Covid, nominations partisanes à la Cour suprême, retrait de l’Accord de Paris sur la gestion des changements climatiques et relations commerciales internationales tendues : telle a été la teinte du premier mandat de Trump.
Puis il perd les élections en 2020. S’ensuivent la sempiternelle rengaine à l’effet qu’elles lui ont été volées, les événements du 6 janvier 2021 et la kyrielle d’accusations portées contre Trump et ses acolytes.
Impacts économiques d’un second mandat
Nos deux pays sont les plus grands partenaires commerciaux l’un de l’autre [2] [3] :
- 74,3 % des exportations québécoises vont aux États-Unis (4e trimestre 2023) ;
- 35,7 % des importations québécoises proviennent des États-Unis (4e trimestre 2023) ;
- 76 % des exportations canadiennes de produits vont aux États-Unis (juin 2024) ;
- 67 % des importations canadiennes de produits proviennent des États-Unis (juin 2024).
Les exportations importantes vers les États-Unis sont l’énergie, les véhicules et les pièces automobiles, les biens de consommation et les produits de l’aéronautique [4] [5]. Il y a aussi l’aluminium et différents autres métaux, le papier, le bois d’œuvre (et autres produits forestiers) [6] et les produits agroalimentaires.
La valeur des achats canadiens de produits américains est inférieure à la valeur des achats de produits canadiens faits par les Américains. Trump exècre ces déficits commerciaux. Sa solution est un protectionnisme nuisible aux exportations du Canada et du Québec, ce qui a été le cas pendant son premier mandat.
En 2018, il a haussé les droits de douane à 25 % pour l’acier et à 10 % pour l’aluminium. Sans surprise, il promet de récidiver s’il est réélu. Les démocrates aiment bien le protectionnisme eux aussi. En d’août dernier, les États-Unis de Biden ont haussé les droits sur les importations de bois d’œuvre résineux canadien à 14,54 % (+ 6,49 points) et plus tôt dans l’année, à 100 % sur les véhicules électriques assemblés en Chine (ce sera la même chose pour le Canada à compter du 1er octobre) [7].
Des droits de douane exagérés imposés par les États-Unis seront nuisibles à la fois aux États-Unis et au Canada. Avec le temps, l’absence d’entreprises compétitrices à bas prix sur un marché ouvre la porte à des augmentations de prix de la part des entreprises locales (cela a été le cas lors de l’arrivée des automobiles japonaises en sol américain), des augmentations de prix qui ne sont pas liées à une augmentation des coûts de production, mais à une augmentation des profits de ces entreprises.
Trump vise aussi un coût de l’énergie plus bas pour les Américain-es, ce qui est une menace environnementale directe. Les énergies fossiles sont les plus consommées aux États-Unis. Une augmentation de l’offre pour favoriser la baisse des prix encouragera cette consommation, la faisant croître à court et à moyen terme.
Autres effets d’un second mandat de Trump
- Sous Trump, l’ALÉNA a été renégociée, devenant l’ACEUM. Pourquoi pas rebelote ?
- Trump n’aime pas l’OTAN. Il accuse certains pays membres ne pas faire leur part dans son financement et dans les investissements militaires. À cet égard, le Canada est un pays qu’il n’apprécie pas.
- Trump est aussi un risque pour l’OTAN : il remet en question l’implication future des États-Unis et menace de ne plus protéger les membres qui n’y contribueront pas assez. Il a même déjà dit aux pays qui pourraient agresser des pays de l’OTAN qui n’ont pas contribué suffisamment qu’ils pourront faire ce qu’ils veulent. (La Presse, 11-02-2024).
- Trump voudrait retirer l’aide économique et militaire à l’Ukraine. Le Canada serait alors dans la position inconfortable d’être le seul pays des Amériques membres de l’OTAN à pouvoir supporter Zelensky, avec des moyens financiers et technologiques plus que limités.
- Biden a tenté, sans succès, de mieux contrôler l’achat et la possession d’armes à feu aux États-Unis. Rien à attendre de Trump sur ce front. Il y a pourtant un impact de ce côté-ci de la frontière : le manque de contrôle des armes à feu aux États-Unis est une cause directe de l’augmentation de leur circulation illégale sur notre territoire.
- Trump n’est pas un preux chevalier de la lutte aux changements climatiques, pas plus que son éventuel vis-à-vis canadien Pierre Poilievre. L’impact de leur inertie climatique risque de nous affecter considérablement, les États-Unis étant un des deux plus grands émetteurs de GES de la planète [8].
- Et la question de l’avortement…
Conclusion
Le système politique américain est souffrant. Le mode de financement des partis politiques, notamment, est un terreau fertile pour la manipulation et les influences indues comme celle de la NRA, de Project 2025, des groupes anti-avortement et autres groupes et individus comme Elon Musk, de généreux contributeurs dont bénéficie directement la campagne républicaine.
Trump est étiqueté comme une menace pour la démocratie tant par les démocrates que par nombre de républicains plus modérés. Cette menace est réelle [9]. Il ne faut pas toujours s’attendre au pire, mais il faut tout de même rester lucides.
À suivre – Chronique du mois d’octobre
Ce que montrent les sondages à un peu moins d’un mois de l’élection.
À lire en ligne en complément de ce texte : À quoi les Américain-es devraient s’attendre de Trump ?